"Les propos du pape, une bénédiction"

"Il faut toujours considérer la personne", car "nous entrons ici dans le mystère de l'homme", souligne Jorge Bergoglio dans sa toute première interview, accordée à la revue jésuite "Civilta Cattolica".
"Il faut toujours considérer la personne", car "nous entrons ici dans le mystère de l'homme", souligne Jorge Bergoglio dans sa toute première interview, accordée à la revue jésuite "Civilta Cattolica". © Max PPP
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Charles Carrasco avec Sandrine Prioul , modifié à
RÉACTIONS - Elles sont lesbiennes ou divorcées et sont soulagées par les déclarations de François.

L’INFO. La révolution est-elle en marche au sein de l’église catholique ? Le pape François a livré jeudi sa première interview six mois après le début de son pontificat. Il y précise les grandes lignes de sa pensée. Le souverain pontife développe ainsi de nombreux thèmes de société brûlants déjà abordés depuis son investiture, en marquant sa différence. Pour les homosexuels, les divorcés ou les femmes ayant avorté, le pape recommande la "miséricorde", appelle à "accompagner" les personnes dans toute leur complexité.

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Ces propos sont une "bénédiction".  Cette ouverture soulage Sophie, lesbienne catholique de Nantes et vice présidente de l'association catholique Réflexion et partage : "ça me fait du bien personnellement ! J’attendais une ouverture de l’Eglise parce que j’ai 60 ans et j’avais l’impression que je ne la verrais pas de mon vivant". Les manifestations contre le mariage pour tous l’ont marqué. "Avec ce qui s’est passé en France, j’avais envie de rentrer sous terre", assure cette infirmière, interrogée par Europe 1.

Selon elle, un grand pas a été accompli : "on revient de très loin et là on a un pape qui arrive et qui dit une phrase très forte. C’est comme si on avait un appui. Il ne dit pas ce qui est permis, ce qui est défendu, ce qui est ordonné, ce qui est désordonné, ce qui est naturel, ce qui n’est pas naturel… Bref, tout ce qu’on entend depuis des décennies !". Sophie lui dit "merci" pour ce geste qu’elle considère comme une bénédiction pour "tous les croyants". "J’entends déjà des chrétiens traditionnels qui vont dire : ‘il ne faut pas prendre ses paroles pour une bénédiction’. C’est toujours interdit par Dieu. Evidemment ça ne va pas être aussi simple’", assure-t-elle.

Il ouvre "à l’espérance". Cécile, catholique nantaise divorcée, a elle aussi souffert d’une forme de rejet de l’église. "Pour moi l’église est un lieu d’amour. Pourquoi rejetez des gens qui ont besoin de cet amour ? Allez à l’église, recevoir les sacrements saints, n’est pas une récompense. C’est un besoin. Et les gens qui souffrent, notamment lors d’un divorce, ont besoin de cette ouverture alors que jusque-là, l’église fermait ses portes. Pour nous, c’est inadmissible, incompréhensible", témoigne cette catholique au micro d’Europe 1.

Toutefois, pas question non plus de crier victoire car, pour Cécile, les conceptions profondes de l’église changent pas. "J’attends de voir. Je suis sceptique. Qu’est ce qu’on met sous ce mot de miséricorde ? Etre divorcé, c’est une grande souffrance. Alors pourquoi toujours mettre ça comme un péché ?", analyse cette catholique pour qui les paroles du pape sont fortes. "C’est le premier que j’entends parler comme ça. C’est une grande espérance parce que tout ce qu’il y a à côté, ce n’est pas vivable. Communion par l’esprit, allez à la messe et rester au fond sous prétexte qu’on est divorcé, ce n’est pas possible. C’est jeter l’anathème sur des gens qui ont besoin de quelque chose", déplore cette catholique nantaise qui conclut : « ce pape, s’il ouvre à l’espérance, ça c’est merveilleux ».