Les armes chimiques en cinq questions

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3’CHRONO -  Ces substances ultra-nocives et interdites auraient été utilisées en Syrie.

La "ligne rouge" aurait été franchie. Des journalistes du Monde rapportent lundi avoir été témoins de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie contre les rebelles. A quelques semaines d’une conférence de paix internationale, la question de l’utilisation de ces armes meurtrières est plus que jamais au cœur des enjeux. Barack Obama en a fait la "ligne rouge" à ne pas franchir sous peine de réaction des États-Unis. Quant à l’ONU, elle tente d’enquêter sur la question mais n’est toujours pas autorisée à se rendre sur place. Europe1.fr fait le point sur ces armes hautement nocives et interdites par la communauté internationale.

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C’est quoi une arme chimique ? L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) définit les armes chimiques comme étant "tout produit chimique toxique" pouvant "causer la mort, des blessures, une incapacité temporaire ou une irritation sensorielle par son action chimique". Ces armes sont "généralement considérées comme des armes de destruction massive", selon les Nations unies.

Quels sont les différents types d’armes chimiques ? L’OIAC les classe en plusieurs catégories : les agents suffocants, vésicants (irritants), hémotoxiques (qui empoisonnent le sang) et neurotoxiques. Ces derniers, dont font partie le gaz sarin, le soman et le VX, sont les plus connus. Ces gaz neurotoxiques organophosphorés agissent sur les cellules nerveuses et peuvent entraîner la mort rapidement. Le gaz sarin, par exemple, crée un blocage "au niveau de transmission musculaire", créant "des contractures qui peuvent bloquer les muscles qui contrôlent la respiration", explique à Europe1.fr le toxicochimiste André Picot. Leur fabrication, à base de phosphore et de produits à base de carbone, est plutôt "facile", "mais le plus dur, c'est de le purifier", note le chimiste.

Tous très toxiques, les gaz neurotoxiques peuvent être diffusés sous forme liquide ou sous forme d’aérosols, et peuvent être inhalés ou absorbés par la peau. Pour le gaz VX, une seule petite goutte, de la taille d’une tête d’épingle, est suffisante pour tuer. Pour se soigner, il faut un antidote contenant de l'atropine, "un médicament très utilisé mais de manipulation un peu délicate", précise André Picot.

Quand ont-elles été employées ? La guerre chimique est née pendant la Première guerre mondiale, et plus précisément le 11 juillet 1917 dans les tranchées à Ypres, en Belgique, avec la toute première utilisation au combat de l’ypérite, ou gaz moutarde. Dans les années 80, l’Irak a utilisé des armes chimiques en Iran. En 1988, le régime de Saddam Hussein a choqué le monde entier en attaquant la ville kurde d’Halabja, dans le nord du pays, avec du gaz sarin et du gaz moutarde. L’attaque a tué environ 5.000 personnes et laissé 65.000 personnes avec des séquelles importantes. En 1995, cinq rames du métro de Tokyo étaient visées par un attentat au gaz sarin perpétré par la secte apocalyptique Aum Shinrikyu. Le bilan s’élevait alors à douze morts et 5.500 blessés et aurait pu être nettement plus élevé si le gaz sarin utilisé, fabriqué par des "chimistes d'occasion", avait été plus puissant.

L'attaque au gaz sarin dans le métro de Tokyo :

Ces armes sont-elles autorisées ? Depuis 1993, le droit international interdit l’utilisation des armes chimiques. Mais six pays n’ont pas signé la Convention sur l’interdiction des armes chimiques : le Soudan du Sud, l’Angola, l'Égypte, la Corée du Nord, la Somalie et ... la Syrie.

D’où proviennent les stocks syriens ?D’après le Centre d’Études de sécurité internationale et de maîtrise des armements, la Syrie possèderait plusieurs types d’armes chimiques, comme le sarin et l’ypérite. Une partie de ces stocks a été acquise auprès de l’Égypte, juste avant la guerre du Kippour de 1973. La Syrie aurait aussi développé elle-même des armes chimiques dans les années 80. Ses deux principaux sites de stockages se trouvent à Khan Abou Shamat, à l’est de Damas, et à Furqlus, près de Homs.

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