Les Super Pacs, les dollars de la primaire

Plus de 25 millions d'euros ont été dépensés par les Super Pacs depuis le début de la course à la Maison-Blanche
Plus de 25 millions d'euros ont été dépensés par les Super Pacs depuis le début de la course à la Maison-Blanche © MAX PPP
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Assiya Hamza , modifié à
Ces comités d’action politique font et défont les candidats des élections américaines.

Dans la course à la Maison-Blanche, l’argent est plus que jamais le nerf de la guerre. Depuis une décision de la Cour Suprême en 2010, les  Super Pacs, les  "Super comités d'action politique" peuvent investir, sans aucune limite, des millions de dollars pour soutenir le candidat de leur choix dans les scrutins fédéraux et l’élection présidentielle. Véritable arme de guerre, ils devraient notamment  redistribuer les cartes lors de la prochaine primaire républicaine en Floride, le 31 janvier. Combien sont-ils ? Qui les finance ? Europe1.fr décrypte le fonctionnement ces comités de soutien.

Les Super Pacs sont les héritiers des Pacs, les Political Action Committees. Ces comités d’actions politiques soutenaient financièrement les candidats aux scrutins fédéraux mais aussi à l’élection présidentielle.  Le don maximum à un PAC était de 2.500 dollars soit environ 1.930 euros, pour  soutenir ou contrer un candidat aux primaires d'un parti, explique CNN.

"Les Super Pacs changent la donne en 2012" :

Un voile d'hypocrisie

En janvier 2010, une décision de la Cour Suprême a entièrement changé la donne en déplafonnant les dons. "Le texte intitulé Citizens United vs Federal Election Commision reconnaît que limiter les dépenses d’une entreprise dans une campagne électorale revient à limiter leur liberté d’expression", explique la politologue Nicole Bacharan, spécialiste de la société américaine.

Désormais, ces groupements d’intérêts appelés  Super Pacs peuvent lever des fonds "sans aucune limite et sans contrôle" auprès d'entreprises, de syndicats, d'associations et de lobbys, pour les "dépenser sans limite en faveur d’un candidat", insiste Nicole Bacharan. "Ils n'ont aucune des limites imposées aux candidats (un total de 5.000 dollars, 3.858 euros, de dons par individu pour leur campagne) ou aux partis (pas de donation annuelle supérieure à 30.800 dollars, 23.7676 euros)", précisent Les Echos.

Seul impératif pour ces officines, "il ne faut pas qu’ils coordonnent leurs actions avec le candidat". "Il y a une énorme hypocrisie autour de tout cela. Si l’on prend le Super Pac de Romney, il est truffé d’anciens membres de sa campagne de 2008. Mais officiellement, ils ne se parlent pas. C’est assez ridicule", déplore Nicole Bacharan.

Autre changement de taille, la tonalité des publicités. "Avant 2010, chaque spot se terminait par cette petite phrase : "Je suis untel et j’approuve ce message. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas et les publicités vont beaucoup plus loin sans faire passer le candidat pour un méchant", insiste l’historienne.

Et pour le sale boulot, les Super Pacs ne font pas dans la demi-mesure. Newt Gingrich a été la principale cible de ces spots assassins. Selon The Wall Street Journal, depuis le 3 janvier Restore Our Future a dépensé près de 90.000 dollars (69.500 euros) contre Newt Gingrich.

"Il est favorable à l’amnistie de millions d’immigrés clandestins" :

Avec When Mitt Romney came to town, Winning our Future a accusé le principal adversaire de Newt Gingrinch "d’avoir détruit le rêve de milliers d’Américains et de leurs familles" lorsqu’il était à la tête du fond d’investissement Bain.
 

"Romney est le pire des prédateurs" :

Mais "si les publicités négatives ont de l’effet en début de course, au bout d’un an de campagne, les électeurs sont lassés", met en garde la politologue.

La facture de la présidentielle flambe

Vingt donateurs, tous plus riches les uns que les autres, alimentent les Super Pacs en billets verts. Le site du magazine américain Mother Jones a dressé le palmarès de ces investisseurs qui devraient faire flamber la facture de l’élection présidentielle dont le record était de 5,5 milliards de dollars soit 4,2 milliards d’euros en 2008. Le richissime propriétaire de casinos Sheldon Adelson et son épouse Miriam, se hissent sur la première marche du podium.

Huitième fortune des Etats-Unis selon le magazine Forbes, Sheldon Adelson a fait un modeste don de 5 millions de dollars, 3,8 millions d’euros, au Super Pac de Newt Gingrich Winning our future.

Bob Perry, fondateur des Maisons Perry, l’un des plus gros bâtisseurs des Etats-Unis, arrive en deuxième position. Ce républicain a donné plus de 3 millions de dollars, 2,3 millions d’euros, pour cette course à la Maison-Blanche dont 500.000 dollars pour le Super Pac pro-Mitt Romney Restore Our Future.

Jeffrey Katzenberg, cofondateur de la société de production et de distribution DreamWorks avec Steven Spielberg,  se hisse sur la troisième marche du podium. Comme en 2007, sa contribution est allée du côté démocrate avec 2 millions de dollars, 1,54 millions d’euros, versés au comité pro-Obama Priorities USA Action.

Grâce à ces 20 donateurs, les Super Pacs auraient déjà dépensé 33 millions de dollars, 25,4 millions d’euros, selon le site Opensecrets.

Se maintenir dans la course

Si les millions de dollars des Super Pacs ne "font pas une candidature", ils permettent néanmoins de "se maintenir dans la course à la primaire", analyse Nicole Bacharan. Winning our future, le Super Pac qui soutient le conservateur Newt Gingrich, a inondé les écrans de télévision de Caroline du Sud avec des spots anti-Romney. Montant de l’opération ?  3,4 millions de dollars, 2,6 millions d’euros.

"Le Pac maintient Gingrich dans la course", analyse Anthony Corrado, expert en financement de campagnes électorales au Colby College, dans le Maine, avant de préciser que sans cette perfusion financière, "Gingrich serait dans une situation très difficile (...) sa campagne serait à court d'argent et il envisagerait de se retirer".

Celui de Mitt Romney, Restore our future, a bombardé l'Iowa de spots anti-Gingrich avant le scrutin du 3 janvier. La campagne télévisée en Caroline du Sud a coûté la bagatelle de 2,3 millions de dollars, 1,7 million d’euros. Pour la primaire de Floride, 3,4 millions de dollars, 2,6 millions d’euros, de temps d'antenne a d’ores et déjà été acheté.