Le "tour d'Europe" de la crise

Le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy a débattu au Parlement des mesures d'austérité.
Le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy a débattu au Parlement des mesures d'austérité. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
Austérité, crise de la dette, instabilité politique : Espagne, Pays-Bas, Grèce souffrent des mêmes maux.

La crise économique est encore loin d'être réglée. Entre l'incertitude liée à la présidentielle française, la démission du Premier ministre néerlandais et plusieurs mauvaises nouvelles des indicateurs économiques, les marchés européens sont à nouveau sous pression. Bien que les Bourses aient rebondi mardi à mi-séance, elles avaient plongé de 3% en moyenne à la clôture lundi. L'aggravation de la crise des dettes souveraines couplée aux cures d'austérité massive ont également renforcé l'instabilité. Europe1.fr fait un "tour d'Europe" non exhaustif de la crise.

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L'Espagne. Le ministre du Budget, Critobal Montoro le reconnaît : l'Espagne est "dans un moment d'extrême fragilité". Alors que les députés débattent mardi du budget 2012 qui sera marqué par des mesures d'austérité sans précédent, la Banque d'Espagne a estimé que le PIB du pays avait accentué son recul au premier trimestre. Le pays enregistre une baisse de 0,4% de son PIB par rapport au dernier trimestre 2011, où il avait déjà diminué de 0,3%. Des chiffres qui compliquent les promesses de réduction du déficit public à 5,3% en 2012 puis 3% l'année suivante. A cela s'ajoute un chômage record  de 22,85% à la fin 2011. Ces tensions se sont répercutées ces derniers jours sur la Bourse madrilène. Celle-ci a renoué avec ses plus bas niveaux de mars 2009. Depuis le début de l'année, elle est celle qui a le plus baissé en Europe, perdant près de 19% de sa valeur.

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La Grèce. La Grèce verra son PIB chuter de "près de 5%" en 2012, soit plus que les estimations initiales, après un recul de 6,9% déjà en 2011, a prévu mardi la Banque de Grèce dans son rapport annuel sur l'économie du pays. Le taux de chômage devrait s'élever lui à "plus de 19%" en 2012, contre 17,7% en 2011, une année durant laquelle 300.000 emplois ont été détruits, selon la Banque. La crise a également affecté les banques qui ont vu le total de leurs dépôts baisser de "plus de 70 milliards" entre la fin 2009 et février 2012, soit "l'équivalent d'un tiers du PIB".

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Les Pays-Bas. Adeptes de la discipline fiscale, les Pays-Bas sont aussi entraînés dans une mauvaise spirale économique. La crise politique qui frappe ce pays est en partie responsable. Le Premier ministre néerlandais a dû démissionner suite à un désaccord avec le parti d'extrême-droite sur la réduction du déficit public. Les négociations entamées le 5 mars devaient permettre de dégager 16 milliards d'euros d'économies pour 2013 afin de respecter les normes de la zone euro en matière de déficit public mais l'extrême droite jugeait les réformes trop drastiques pour le portefeuille des Néerlandais. Conséquence de l'incertitude politique, l'agence de notation Moody's a lancé un avertissement au pays, dans un rapport publié dans la nuit de lundi à mardi.

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La République Tchèque. Le gouvernement de centre-droit de Petr Necas, le Premier ministre, est confronté à des dissensions internes au sein de sa majorité politique. Une instabilité récurrente alors qu'une vague de contestation, en raison de son programme d'austérité, monte dans le pays. 100.000 personnes ont défilé le week-end dernier dans les rues de Prague, la capitale. Un objectif de déficit budgétaire de 2,9% du PIB a été fixé pour 2013 et 1,9% pour 2014. Des mesures drastiques ont été adoptées : les deux taux de TVA augmentés d’un point supplémentaire, la revalorisation des retraites revue à la baisse, la suppression des plafonds pour les paiements de l’assurance maladie et l’allégement fiscal pour les retraités qui travaillent.

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Le Portugal. La crise menace toujours le Portugal. Bien que le pays ait récemment ratifié par voie parlementaire le pacte budgétaire européen et le mécanisme européen de stabilité (MES), il connaît toujours de graves difficultés financières. Ainsi, sa dette publique, qui représente actuellement 110% du PIB, doit atteindre 115% à la fin de l'année.  Le Portugal a dû demander en mai 2011, après la Grèce et l'Irlande, une aide exceptionnelle de l'UE et du FMI. En échange d'un prêt sur trois ans de 78 milliards d'euros, il s'est engagé à mettre en œuvre un vaste plan de réformes, marqué par une austérité sans précédent. Selon les prévisions, l'économie portugaise devrait se contracter cette année de plus de 3% du PIB tandis que le chômage devrait dépasser les 14%.

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Enfin en France, le résultat du premier tour de la présidentielle française a été scruté à la loupe par les marchés. La dette française a légèrement progressé, mais sans excès : le taux d'obligation assimilable du Trésor (OAT) a clôturé, lundi en fin de séance, à 3,1% contre 3,081% avant le week-end. En outre, la France a réussi une émission obligataire, parvenant à emprunter 7,3 milliards d'euros à court terme, soit le montant prévu, même si elle a dû consentir des taux en légère hausse. Néanmoins, certains analystes s'inquiètent d'une victoire de François Hollande le 6 mai sur le président sortant, Nicolas Sarkozy qui priverait la chancelière allemande, Angela Merkel de son principal partenaire dans la gestion de la crise.