Le temps de la colère à Port-Saïd

Des supporters du club de foot Al-Ahly manifestent au Caire
Des supporters du club de foot Al-Ahly manifestent au Caire © REUTERS
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avec agences , modifié à
Sur les réseaux sociaux et dans la rue, des Egyptiens mettent en cause les autorités.

Que s'est-il passé mercredi soir à Port-Saïd ? Les circonstances du drame survenu sur un terrain de football après un match opposant l'équipe locale d'Al-Masry et le club national Al-Ahly sont pour l'instant obscures. Dans les rues du Caire et sur les réseaux sociaux, des Egyptiens en colère accusent le pouvoir d'avoir laissé faire ou, pire, d'être responsables de la mort de 74 personnes.

Sur Twitter et Facebook, de nombreux Egyptiens évoquent l'option d'une vengeance contre les "Ultras" d'Al-Ahly, un groupe de supporteurs ayant participé à la révolution de janvier-février 2011. Pour l'activiste Wael Khalil, "un massacre a eu lieu, et il faut déterminer qui en est responsable. Pour l'instant, seules les forces armées du Suprême Conseil apparaissent responsables. Ce qui veut dire qu'il faut tous que nous nous dressions pour mettre fin à la toute-puissance des militaires". "Après avoir semé la discorde entre les forces politiques, puis s'être vengés de la société civile, ils [les dirigeants du pays] ont maintenant commencé à semer la discorde entre les gouvernorats, et rien n'est plus facile que d'utiliser le football", a accusé de son côté Gamal Eid, le président du Réseau arabe pour l'information sur les droits de l'Homme, sur son compte Twitter.

Manifestations au Caire

La thèse de la responsabilité des autorités est renforcée par des témoignages sur les failles dans le dispositif de sécurité déployé au stade de Port-Saïd. "Il n'y avait aucune fouille à l'entrée du stade, tout le monde pouvait rentrer", témoigne un habitant de Port-Saïd. "Les soldats ne font rien, laissent les gens passer, la fouille (avant le match) n'est pas faite correctement. C'est clair que c'était préparé d'avance", accuse de son côté un jeune, Mohammed.

Les Frères musulmans avaient été les premiers, mercredi, à évoquer le rôle des partisans du président déchu Hosni Moubarak. Le représentant de Port-Saïd au gouvernement, Albadri Farghali, n'a pas dit autre chose à la télévision égyptienne: "Les forces de sécurité ont fait cela ou l'ont laissé se produire. Les hommes de Moubarak sont toujours au pouvoir", a-t-il accusé.

La colère des Egyptiens a débouché sur des appels à manifester lancés sur les réseaux sociaux. Des rassemblements ont ainsi été organisés jeudi après-midi au Caire sur l'emblématique place Tahrir, pour marcher en direction du ministère de l'Intérieur, qui concentre les critiques.