Le poisson, objet de fraudes massives

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avec Géraldine Woessner et Anne Legall , modifié à
Une ONG américaine révèle que 30% du poisson consommé n'appartient pas à l'espèce indiqué.

L'info. Un mérou à la place d'une perche du Nil, du tilapia au lieu de rouget... aux Etats-Unis, si vous achetez du poisson, attention à ce qui arrive vraiment dans votre assiette. Une ONG vient de révéler qu'un tiers des poissons consommés n'appartiennent pas à l'espèce que les clients avaient cru acheter. Un fraude qui frappe le pays tout entier.

Des tests ADN. L'ONG Oceana a procédé à des test ADN sur des poissons dans près de 700 points de vente à travers tout le pays. Résultat : l'escroquerie est générale. Par exemple, dans 87% des cas, le poisson vendu comme du rouget est en fait du tilapia, ou n'importe quel autre poisson à chair blanche.

Les auteurs de l'étude s'inquiètent non seulement du mauvais étiquetage des poissons mais aussi de leur origine. "84% du thon blanc testé était en fait de l'escolar, un poisson qui peut causer de graves troubles digestifs si on en mange plus de 50 grammes", s'inquiète Beth Lowell, l'une des auteurs de l'étude.

Imposer une traçabilité. D'après l'ONG, 18% des poissons vendus dans les magasins traditionnels sont mal étiquetés. Et la part monte même à 78% pour ceux consommés dans les restaurants de sushis. Et les consommateurs sont impuissants. Les Etats-Unis importent 90% du poisson qu'ils consomment. Souvent, les poissonniers ne voient même pas les produits entiers et les contrôles sont rarissimes. Oceana ne voit qu'un moyen de régler le problème : imposer une traçabilité totale, du bateau à l'assiette.

Et en France ? La France n'est pas totalement à l'abri d'une telle fraude. En 2011, une enquête avait permis de repérer 100 tonnes de poissons commercialisés avec de fausses informations ou des erreurs d'étiquetage. Selon la DGCCRF, ce type d'escroquerie est marginal en France grâce au système de traçabilité imposé par l'Union européenne. Au début de la chaîne, les pêcheurs apposent obligatoirement une étiquette mentionnant le nom du poisson, le lieu de pêche et le mode de production. Plus tard, des tests sont effectués pour vérifier que le produit mis sur le marché est bien conforme à l'étiquette d'origine. Après le scandale de la viande de cheval utilisée dans des plats à base de boeuf, les autorités sanitaires ont décidé de renforcer leurs contrôles aussi sur la filière poisson.