Le phénomène Projet X

Le film, réalisé par Nima Nourizadeh, est sorti le 14 mars dernier en salles.
Le film, réalisé par Nima Nourizadeh, est sorti le 14 mars dernier en salles.
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Charles Carrasco , modifié à
DECRYPTAGE - Beuverie géante, fête et pagaille : le film américain inspire certains ados.

Pour le 17e anniversaire d'un ami, trois adolescents, dépeints dans le film comme les "loosers" du lycée, décident d'organiser LA plus grande fête de tous les temps. Malheureusement, cette soirée va très rapidement dégénérer… Projet X, c'est le nom de cette comédie américaine qui a déjà attiré plus d'un million et demi de spectateurs en France depuis sa sortie le 14 mars 2012. Devenu une "référence" pour certains adolescents, ce film s'est inspiré de faits divers réels et continue d'influencer les jeunes en recherche de "sensations fortes". Europe 1.fr décrypte le (nouveau) phénomène Projet X.

La bande annonce du film :

50.000 invités à son anniversaire. "J’ai beau essayer de modérer, ça part dans tous les sens avec des photomontages de mon fils, des annonces que ce sera un Projet X". Le père de Benjamin, ce jeune de Chamalières dans le Puy-de-Dôme, a été pris de panique. Une amie de son fils qui souhaitait l'aider à organiser son 14e anniversaire a créé une page Facebook pour convier les copains, comme le révèle mercredi La Montagne. Résultat : plus de 50.000 personnes se sont inscrites en quelques jours pour participer à la fête au domicile des grands-parents. Malgré le dépôt de plainte du père, certains jeunes clermontois, interviewés par Europe 1, ont toujours bien l'intention de s'y rendre.

Un mort au Texas. Le cas du jeune Clermontois n'est pas isolé. En 2010, une Anglaise de 14 ans avait également lancé une invitation sur Facebook pour ses 15 ans. Près de 21.000 personnes s'étaient inscrites. Les faux profils de Justin Bieber, Stevie Wonder et Susan Boyle comptaient même être de la partie… Sa mère a donc alerté la police qui a dû dépêcher une patrouille sur place, craignant que des utilisateurs du réseau social ne viennent. En 2008, une adolescente de  Brighton avait vu sa fête d'anniversaire envahie par 400 membres de Facebook non-invités, s'inspirant de l'émission Mon incroyable anniversaire sur MTV. Les fêtards ne se sont pas faits prier pour vandaliser la maison de ses parents. Autant d'événements qui se sont relativement bien terminés. Mais parfois, ces soirées  ont tourné au drame. En mars dernier, à Houston au Texas, une fête est organisée dans un manoir pour "fêter le printemps". Entre 500 et 1.000 personnes investissent la maison. Certains étudiants étaient armés et ont commencé à tirer en l'air. Une fusillade a éclaté provoquant la mort d'une personne.

Un phénomène qui n'est pas nouveau. Il y a deux ans, les "Skins Party", inspirées de la série britannique à succès Skins, étaient à la mode sur les réseaux sociaux. Ce feuilleton met en scène des adolescents, avec des tracas familiaux, qui se réfugient dans la drogue, le sexe et l'alcool. Le principe est le même : les ados sont prévenus au dernier moment de l'heure et du lieu via Internet. Leur motivation : "aller le plus loin possible", comme l'expliquait en 2009 un organisateur de ces soirées dans une enquête du journal L'Express. "Dans une Skins party, il n'y a ni interdits, ni limites", précisait un autre "skinneur". Pour Monique Dagnaud, sociologue, interrogée par l'hebdomadaire, ces soirées sont l'illustration du "pessimisme social" qui ronge aujourd'hui les jeunes.

Bande annonce de la saison 2 :

Bande annonce Skins Saison 2par Serie-skins

Les apéros Facebook. Ce type de soirées en rappellent d'autres. L'année 2010 en France a été marquée par la mode des "apéros Facebook". Ces grands rassemblements de jeunes qui viennent pour s'alcooliser dans des lieux publiques ont suscité la controverse. Un jeune homme de 21 ans avait été tué en mai 2010 après être tombé d'un pont lors d'un rassemblement à Nantes. Plusieurs apéros lancés sur la Toile avaient été annulés dans plusieurs grandes villes de France. Les pouvoirs publics s'étaient trouvés dépassés par un "phénomène" qui ne bénéficiait pas réellement de cadre légal. De peur de voir se reproduire le drame de 2010, la préfecture de Loire-Atlantique avait mis en place un important dispositif de sécurité pour l'apéro Facebook de 2011 qui avait rassemblé 6.000 personnes à Nantes. Toutefois, 22 personnes avaient été hospitalisés et 23 autres interpellées.