La fin du monde ne sera pas pour 2012

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avec Nicolas Poincaré , modifié à
Des spécialistes des Mayas déplorent une mauvaise interprétation des textes pré-colombiens.

Le 21 décembre 2012 ne marquera pas la fin du monde. Les prédictions d'Apocalypse se multiplient depuis plusieurs années. Dernière en date, celle née du calendrier maya dont les cycles de 23.000 ans s'arrêtent brusquement le 21 décembre 2012... Si la fin du monde fascine, elle n'en reste pas moins qu'une interprétation erronée, selon les spécialistes. Europe1.fr fait le point.

Tout commence en 1987. Un Américain, José Argüelles, publie Facteur maya. Dans ce livre, il explique que la date du 21 décembre 2012 met un terme au calendrier maya. "Il se base sur des choses totalement erronées, éclectiques et en mélangeant tout", déplore sur Europe 1 Eric Taladoire, professeur d’archéologie précolombienne et spécialiste des Mayas. "Il a prévu une fin du monde qui n'a rien à voir avec les conceptions mayas", poursuit l'universitaire.

La fin d'un cycle dans le calendrier maya

L'auteur, mort en mars 2011, évoque notamment "une planète qui devrait percuter la Terre", des "mythes chinois" mais aussi un écrit appelé "Chilam Balam de Chumayel", précise Eric Taladoire. "C'est un récit astrologique de prédictions dans lequel vous trouvez aussi des récits dynastiques, des descriptions médicales, des recettes... Il a sorti de ce texte un ensemble de phrases où effectivement, les prêtres mayas prédisent la fin d'un monde, dans une pensée cyclique. C'est la fin d'un monde qui s'est déroulée pour les Mayas et le communauté à laquelle appartenait le prêtre aux alentours du 16ème-17ème siècle. C'est totalement rétroactif", martèle-t-il.

"La fin du monde n'est pas du tout prévue pour 2012. 2012, c'est la fin d'un cycle dans le calendrier maya. La prédiction s'applique à ce qui s'est passé pour les mayas au Yucatan au 16ème siècle après l'arrivée des Espagnols", ajoute le spécialiste des Mayas. "Tous les 20 ans, les prêtres prévoient ce qui peut se passer en sachant que les évènements se répètent. La fin d'un cycle n'est pas du tout la fin du monde", insiste Eric Taladoire.

Pourquoi tant de mythes ?

"Cette fin du monde est étroitement liée aux religions monothéistes qui ont une conception linéaire du temps : Dieu qui a créé le monde le détruira forcément", analyse l'historien Luc Mary. "La peur du châtiment divin a justifié les prophéties apocalyptiques au moins jusqu'à l'orée du 20ème siècle. Ensuite, ça a été la peur de l'homme. Depuis les deux guerres mondiales, on a mis l'accent sur le fait que l'homme lui-même pouvait s'autodétruire, notamment avec la bombe atomique", ajoute Luc Mary.

Peur du dérèglement climatique, de l'avenir comètes, éclipses, météorites... Toutes les peurs se cristallisent. Et si le 21 décembre est une date très médiatisée, d'autres phénomènes ont échauffé les esprits par le passé.

"En 1910, c'était dû à l'approche de la fameuse comète de Halley. Tous les 76 ans, elle revient dire bonjour à la Terre. Les gens étaient persuadés qu'elle allait frôler la Terre et que sa queue cométaire contiendrait des gaz toxiques qui auraient tôt fait d'intoxiquer la majorité des habitants. Beaucoup de gens se sont pressés dans les églises, les mosquées et les temples pour prier le seigneur", rappelle l'historien. "Les astronomes ont eu beau expliquer qu'il n'y avait rien à craindre, leur discours n'était pas écouté".

Rassurez-vous, la fin du monde n'est donc pas prévue en 2012. Sauf peut-être dans le film 2012, sorti en novembre 2009.