La discrimination positive a du plomb dans l'aile

La Cour suprême va se prononcer sur la discrimination positive aux Etats-Unis.
La Cour suprême va se prononcer sur la discrimination positive aux Etats-Unis. © REUTERS
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Aux États-Unis, la Cour suprême américaine doit statuer sur l'affirmative action à l'université.

Barack Obama lui-même en a bénéficié. La Cour suprême pourrait pourtant bien sonner le glas de l'"affirmative action", cette discrimination positive qui a permis à de nombreux Noirs aux États-Unis d'avoir accès à l'enseignement supérieur. La plus haute juridiction américaine a en effet été saisie de deux dossiers distincts concernant l'admission des étudiants à l'université. Deux affaires qui pourraient profondément changer la société américaine.

# Les deux dossiers à l'étude

abigail fisher USA

© CAPTURE D'ECRAN

Le cas Abigail Fisher... Son dossier avait tout pour séduire le jury : de bonnes notes, des activités sportives et une pratique du violoncelle. Mais il y a quatre ans, Abigail Fisher, aujourd'hui âgée de 22 ans, n'a pas été acceptée à l'université du Texas d'Austin, raconte le New York Times. La jeune fille au sourire timide et aux longs cheveux blonds, qui a finalement poursuivi ses études à l'Université de Louisiane, estime que le fait qu'elle soit blanche de peau a joué contre elle lors de l'examen de son dossier. Bien décidée à se faire entendre, elle a porté son cas devant la Cour suprême.

… Et la législation du Michigan. Le 25 mars, coup de tonnerre : les neuf juges annoncent qu'ils vont se saisir d'un autre dossier portant sur le même sujet. Il s'agit cette fois de déterminer si une loi votée dans l’État du Michigan, qui interdit tout critère de sélection lié à la couleur de peau dans les universités publiques, est légale au regard de la Constitution et à son principe d'égalité. Ce texte approuvé en 2006 par 58% des électeurs de l’État interdit tout "traitement préférentiel" des étudiants en fonction de la couleur de leur peau, leur origine ethnique ou leur sexe, explique le L.A. Times.

harvard REUTERS

>> Les deux dossiers ne seront pas étudiés au même moment. Pour Abigail Fisher, les neuf juges devraient se décider "rapidement" selon le New York Times. Dans le cas du Michigan, il faudra attendre l'automne.

# La discrimination positive sur la sellette

Un principe en décalage avec la réalité. Lorsqu'elle a été mise en place, dans les années 60, la discrimination positive devait être temporaire, rappelle Slate. Et, dans un pays qui a réélu en novembre un président noir, c'est désormais la classe sociale qui est un frein à la réussite scolaire, devant la couleur de peau. Certains réclament donc des mesures visant à favoriser les étudiants les plus pauvres, et pas seulement ceux qui ont une couleur de peau différente.

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Une Amérique post-raciale ? Ces deux dossiers vont donc forcer les "Sages" américains à se poser cette question cruciale : les États-Unis sont-ils devenus une société post-raciale, c'est-à-dire un pays ayant réussi à tourner la page du racisme et dans lequel la couleur de peau n'importe plus ? Si des progrès indéniables ont été obtenus depuis les années 60, des progrès restent à faire, note Associated Press, chiffres à l'appui : l'écart de richesse entre les Blancs et les minorités est actuellement à son plus haut depuis 1984. Quant aux préjugés sur les Noirs, ils demeurent bien présents : d'après un sondage, 51% des Américains n'hésitent pas exprimer des opinions anti-noires, une proportion en hausse depuis l'élection de Barack Obama en 2008.