La chasse au continent de plastique est ouverte

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Charles Carrasco avec Walid Berrissoul et AFP , modifié à
Une expédition part étudier une gigantesque plaque de déchets plastiques flottant sur l'océan Pacifique.

L'INFO. Ironie du sort : lors de la première tentative, des sacs plastiques s'étaient déjà coincés dans le moteur du bateau. Un an plus tard, une nouvelle expédition va repartir le 20 mai prochain d'Oceanside en Californie à l'assaut du "7e continent", une gigantesque plaque de déchets plastiques flottant sur l'océan Pacifique. A l'origine de cette initiative, l'explorateur guyanais Patrick Deixonne, 48 ans, qui avait découvert en 2009 le phénomène lors de sa participation à la course en solitaire à l'aviron Rames-Guyane.

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© Max PPP

Grand comme six fois la France. Ce 7e continent, est une nappe de déchets, grande comme six fois la France, quelque part entre Hawaï et la Californie. En fait, il faut s'imaginer un siphon de baignoire géant. Tous les courants du Pacifique nord y convergent et charrient, en formant un tourbillon, des milliards de tonnes de matières plastiques et débris en tous genres. Objectif de Patrick Deixonne et de son équipe : mieux connaître cette "poubelle de la planète" et surtout faire prendre conscience qu'il s'agit de nos propres déchets.

"C'est tout à fait possible de rencontrer des objets insolites : des conteneurs, des restes de maisons en bois, des bateau qui n'ont pas coulé. Pour l'instant, on ne sait pas ce qu'on va trouver. Mais une fois sur place, on ne va pas marcher dessus, ni planter un drapeau. Je n'espère pas qu'on y voit des déchets importants parce que ce serait vraiment dramatique", espère Patrick Deixonne, interrogé par Europe 1. "On a plutôt affaire à un océan qui est ressemble à un océan mais sauf que quand on tire un filet à planctons derrière le bateau et bien on récolte ces microparticules de plastique", déplore cet explorateur. 

30 mètres de profondeur. Problème pour les scientifiques, cette "soupe" est essentiellement composée de microdéchets de plastique décomposés et en suspension sous la surface de l'eau, parfois sur 30 mètres de profondeur. Très difficilement détectable par les observations satellites, elle est seulement visible depuis des bateaux. Selon le CNES, l'agence spatiale française qui parraine la mission "7e continent", le vortex du Pacifique nord, où va se rendre l'expédition, est l'un des plus importants de la planète, avec une surface d'environ 3,4 millions de km2.

Depuis sa découverte fortuite par l'océanographe américain Charles Moore en 1997, cette nappe de débris plastiques n'a fait l'objet que de quelques études visant à étudier l'impact de la pollution sur les océans et leur faune.

Une cartographie du continent. Un capteur réalisé par des élèves ingénieurs de l'ICAM (Toulouse) avec le CNES sera également testé dans une bouée dérivante. Il doit permettre de distinguer dans l'eau les plastiques des planctons et autres particules vivantes, puis à terme de cartographier les zones polluées grâce à l'imagerie satellite, ce qui serait une première mondiale.