L'opposition appelle à rester sur la place de Kiev

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et avec AFP , modifié à
UKRAINE - Une centaine de policiers ukrainiens ont été blessés dimanche dans des affrontements en marge de la manifestation de l'opposition.

L'INFO. En Ukraine, on n'avait pas vu de telles manifestations depuis la Révolution orange de 2004. Depuis plusieurs jours, les Ukrainiens sont dans la rue pour dénoncer le refus du gouvernement de signer un accord d'association avec l'Union européenne et réclamer le départ du président Ianoukovitch. L'opposition ukrainienne a appelé à continuer d'occuper le centre de Kiev dimanche soir, après une manifestation d'au moins 100.000 personnes en faveur de  l'UE et contre le pouvoir, émaillée de heurts qui ont fait plus d'une centaine de blessés.

Où en est la situation dimanche ? Au moins 100.000 personnes se sont réunies dimanche dans le centre-ville de Kiev. Devant eux, l'un des leaders de l'opposition, Oleg Tiagnibok, a appelé à la grève générale et lancé : "nous restons ici, on va installer des tentes". Des manifestants ont pris le contrôle dans la journée des locaux de la mairie, a annoncé une porte-parole de la police de Kiev. "Les responsables des forces de l'ordre sont en pourparlers avec les citoyens qui ont pris le contrôle des locaux de la mairie. Ils leur expliquent que leurs actions sont illégales et leur demandent de quitter le bâtiment", a déclaré la porte-parole, Olga Bilyk. Une journaliste de l'AFP a constaté que des manifestants pénétraient dans les locaux de la mairie.

Des images des manifestants :

Que s'est-il passé samedi ? Samedi matin, les forces antiémeutes ont évacué les manifestants de l'opposition qui étaient restés dans le centre de Kiev. L'assaut a été donné au petit matin, sur la place de l'Indépendance, en plein centre de Kiev, lieu emblématique de la Révolution orange, où encore environ un millier d'opposants étaient toujours présents après la manifestation de vendredi soir. Des dizaines de personnes ont été blessées et des vidéos montrent les policiers en train d'intervenir, à coups de matraque.

La police de Kiev a confirmé l'interpellation de 31 personnes, pour "hooliganisme et refus d'obtempérer".

Que réclament les manifestants ? Vendredi soir, des milliers de manifestants se sont rassemblés à Kiev pour réclamer le départ du président Viktor Ianoukovitch. "Nous exigeons l'examen d'une procédure d'éviction du président au Parlement, et une élection avant 2015", a lancé Arseni Iatseniouk, proche de l'opposante et ex-Premier ministre emprisonnée Ioulia Timochenko. Celle-ci a appelé les manifestants à "ne pas quitter la rue tant que le régime ne sera pas renversé par des moyens pacifiques". Ce que les manifestants reprochent à Viktor Ianoukovitch, c'est d'avoir "saboté" un accord d'association avec l'Union européenne.

manifestation à Kiev, en Ukraine, REUTERS

Qu'est-ce que c'est que cet accord avec l'UE ? Cet accord d'association avec l'Union européenne était en préparation depuis des mois dans le cadre du Partenariat oriental. Mais au sommet qui s'est tenu cette semaine à Vilnius, avec l'UE et six ex-pays d'URSS, Viktor Ianoukovitch a refusé de le signer, tout en assurant avoir "l'intention de signer l'accord d'association dans un avenir proche". Avant de pouvoir signer, Kiev dit vouloir une reprise de la coopération avec le FMI et la Banque Mondiale "à des conditions acceptables".

Que vient faire la Russie là-dedans ? Derrière cette crise se profile l'ombre de Moscou, pointé du doigt par l'UE. "Nous ne pouvons pas accepter d'avoir une sorte de possible veto d'un troisième pays", a lancé José Manuel Barroso après le sommet, faisant allusion à la Russie et ajoutant : "le temps de la souveraineté limitée est révolu en Europe". Vladimir Poutine multiplie les pressions sur les ex-pays d'URSS et a déjà réussi à attirer l'Arménie dans son projet d'Union douanière. En clair, Kiev est tiraillée entre l'Est et l'Ouest.