Japon : les Français "volontaires" rapatriés

185 personnes sont arrivées à Roissy-Charles-de-Gaulle mercredi en fin de matinée
185 personnes sont arrivées à Roissy-Charles-de-Gaulle mercredi en fin de matinée © Reuters
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A.H. avec Laure Dautriche, Martin Feneau et agences , modifié à
Alors que la situation à Fukushima se dégrade, des Français sont arrivés à Paris mercredi matin.

Pour l’instant, rien n’est officiel. L’ambassade de France au Japon n’appelle pas encore ses ressortissants à quitter le pays, mais exhorte désormais les Français à la prudence. Quatre jours après le séisme et le tsunami qui a ravagé la côte nord-est du Japon, pastilles d'iode et proposition de rapatriement sont à l'ordre du jour.

Sur le site de l’ambassade de France, un message évoque l’intervention du Premier ministre François Fillon mardi à l’Assemblée. "Il a proposé à ceux de nos compatriotes qui ne sont pas astreints à rester à Tokyo de rentrer en France ou de partir vers le sud du Japon dès maintenant", peut-on lire sur le site. "Il a enfin indiqué que le Gouvernement avait demandé à Air France de mobiliser des avions se trouvant en Asie pour répondre sans délai à la demande de nos ressortissants".

Des pastilles d'iode mises à disposition

Un message relayé par Thierry Consigny, élu à l'Assemblée des Français de l'étranger au Japon."Nous sommes maintenant en train d'envoyer un message à la communauté pour qu'elle puisse venir demain (jeudi NDLR) à 16h à l'aéroport d'Haneda", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Si nous avons moins de 400 personnes, nous aurons les deux avions qui les amèneront directement en France. Si nous avons 1.000, 1.200, 1.300 personnes nous ne laisserons personne sur le carreau", poursuit-il. "Chaque personne sera prise dans les avions et nous ferons plusieurs navettes entre le Japon et la Corée. Nous mettrons toutes ces personnes en sécurité à Séoul".

Exit la position attentiste des autorités françaises, l'heure est à la prévention. "Nous avons commencé la distribution des capsules iodées", annonce Thierry Consigny. "Tous les Français du Japon peuvent venir à l'ambassade, présenter une pièce d'identité et signer une décharge parce que l'absorption d'une capsule iodée n'est pas un acte anodin. Il faut savoir quand la prendre, comment la prendre" prévient-il. "On ne veut pas prendre le risque d'avoir 10.000 Français au milieu de 35 millions de Japonais quand peut-être une alerte va être déclenchée par le Japon. L'atmosphère ici est très très tendue".

Florence, une Française habitant Sendai, raconte les rudes conditions climatiques auxquelles elle est confrontée :

"C’est le mouvement de panique qui me fait peur"

Cette tension n’a pas échappé à Benoît, professeur de Français à Sendaï. "Si je trouve une opportunité, n’importe laquelle je vais sauter dessus. Le principe c’est de réagir avant qu’il y ait une panique. Soit carrément essayer de prendre un avion pour rentrer en France, ou au moins d’émigrer vers le sud", raconte mercredi ce ressortissant sur Europe 1.

"Encore plus qu’un problème d’irradiation de la centrale, c’est le mouvement de panique qui me fait peur", avoue-t-il. "Ce serait le chaos carrément. Le problème, c’est la question du travail. Ma femme est japonaise. Pour l’instant, j’essaye de négocier plus ou moins avec ma femme, avec sa boîte. On va essayer de voir avec ses patrons s’il a moyen de la laisser s’exiler au moins quelques jours voire quelques semaines si possible, sans perdre son travail. Si on a le feu vert du travail de ma femme, on va bouger".

Guillaume, qui habite la province de Tochigi (centre), n'a plus d'électricité chez lui. Il "attend que ça se passe" :

"Ça ne me fait pas plaisir d'être là"

Les entreprises françaises commencent aussi à mettre en place des scénarios de sortie de crise. BNP Paribas et Air Liquide quittent Tokyo pour rejoindre le sud du pays. Plus radicales, Crédit agricole et Schneider electric proposent à leurs salariés volontaires de gérer leur rapatriement en France.

Enfin, 185 personnes sont rentrées mercredi à Paris. Elles ont été évacuées par un avion affrété par Paris, qui avait acheminé dimanche une équipe de la sécurité civile partie au Japon pour participer aux opérations de secours. Une cinquantaine de femmes enceintes, de bébés étaient à bord pour fuir la radioactivité.

"C’est de plus en plus menaçant au Japon", confie à Europe 1, Michel, rentré avec sa fille et sa femme enceinte. "On a décidé de rentrer pour pas prendre de risques pour notre fille surtout. On voyait qu’ils essayaient vraiment de minimiser les évènements. Ils essayaient de pas en parler beaucoup pour éviter la panique. A la télé, ils passaient des images du tremblement de terre mais ils ne parlaient vraiment pas beaucoup des centrales nucléaires. Le plus inquiétant, c’est qu’il y a toute la famille de ma femme et tous les amis qui sont restés au Japon".

Paul, lui est monté à bord "à la dernière minute" avec un petit sac à dos. "Les médias ne sont pas clairs", souligne-t-il, "et les gens suivent ce que les médias leur disent. Ils ne sont pas trop soucieux non plus". Ce commerçant a tout laissé derrière lui pour fuir. "Je suis le dernier passager a être monté dans l’avion", explique-t-il en précisant qu'il a baissé le rideau de son magasin. "J’ai pris mon sac à dos, mon ordinateur. Ça ne me fait pas plaisir d’être là".

Une cellule psychologique a été mise en place.