Israël : Tel-Aviv, "la bulle" vacille

Les habitants de la capitale culturelle d'Israël, jusque-là insouciants, se croyaient donc loin de la guerre.
Les habitants de la capitale culturelle d'Israël, jusque-là insouciants, se croyaient donc loin de la guerre. © Reuters
  • Copié
Charles Carrasco avec Xavier Yvon, envoyé spécial , modifié à
REPORTAGE - La capitale économique vit dans l'angoisse des tirs de roquettes.

Le symbole est fort en Israël. Pour la première fois, la capitale économique d'Israël est visée par une attaque depuis la guerre du Golfe en 1991. Jeudi, une roquette s'est écrasée à 15 km au sud-est de Tel-Aviv, sans faire ni blessé, ni de dégât majeur. Puis en début de soirée jeudi, une autre est tombée au large de Jaffa. Enfin une troisième roquette s'est écrasée vendredi en mer, non loin de Tel-Aviv.

Jusqu'à présent, les habitants de "la bulle", le surnom de Tel-Aviv, étaient épargnés. La double attaque a replongé la région dans l'inquiétude. Les habitants vivent désormais au rythme des alertes. Jusque-là, Guy, cet Israélien, n'avait entendu les sirènes que dans des reportages à la télévision sur le sud d'Israël, près de la bande Gaza, et régulièrement frappé par des tirs de roquettes.

"Ils se sont mis à genoux"

Sur l'autoroute qui traverse Tel-Aviv, le jeune ingénieur informatique a vécu jeudi une situation surréaliste au volant de sa voiture. "J'ai entendu une alarme. Tout le monde s'est arrêté, il y a eu un silence. Certains sont sortis de leur voiture. Ils se sont mis à genoux, les mains sur la tête pour se protéger et puis après quelques minutes, tout le monde a recommencé à rouler", a raconté cet habitant de Tel-Aviv au micro d'Europe 1 de Xavier Yvon.

Comme beaucoup, Guy préfère dire qu'il va continuer à vivre normalement. Mais sa voisine, qui promène son chien, a renoncé à sa ballade sur la plage, pour rester, dit-elle, "près des cages d'escalier", un refuge en cas de nouvelles alertes. Les larges trottoirs de l'avenue Rothschild, d'ordinaire centre de la vie nocturne, sont désormais quasi déserts.

tel aviv bandeau 930

© Reuters

Le bar branché d'Assa est à peine rempli. "Tel-Aviv c'est une ville de divertissement. Il y a plein de gens la nuit mais ce soir, beaucoup moins. Ils ont peur. Ma copine pleurait comme une folle. Je ne veux pas la guerre mais je ne veux pas non plus que les gens de ma famille soient tués. Il faut tout faire contre ça", a exhorté le barman qui ajoute : "maintenant, les gens du sud du pays nous disent : 'vous savez ce que l'on ressent'. Ils se sentent moins isolés maintenant".

Des roquettes à longue portée

Les habitants de la capitale culturelle d'Israël, jusque-là insouciants, se croyaient donc loin de la guerre. Mais la double attaque a montré que le Hamas disposait des moyens pour atteindre cette ville du pays grâce à leurs roquettes à longue portée, de type "Fajr". Avant jeudi, les islamistes rechignaient à s'attaquer à Tel-Aviv, par crainte de précipiter une intervention terrestre israélienne.

Toutes les options restent possibles. Mais par précaution, Israël a mobilisé vendredi 16.000 soldats réservistes dans le cadre de l'opération "Pilier de défense". Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a approuvé jeudi le rappel de jusqu'à 30.000 réservistes. Ils sont susceptibles d'être mobilisés à tout moment.