Grèce : panique et fuite de capitaux

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G.V. avec agences , modifié à
Preuve du peu des confiances des Grecs, ces derniers retirent massivement leurs économies.

Après l’échec des longues négociations menées pour former un gouvernement, les Grecs ont rendez-vous le 17 juin pour élire à nouveau leurs députés et espérer que ces derniers parviennent enfin à former une majorité.

Mais les récents atermoiements de la classe politique n’ont pas amélioré la situation d’un pays déjà au pied du mur et qui peine à se réformer. Signe de la défiance actuelle, les Grecs se pressent dans leurs banques pour retirer leurs économies, aggravant un peu plus les difficultés des banques grecques. A la BCE et au FMI, on ne cache d’ailleurs plus son pessimisme.

700 millions d’euros retirés par jour

Les autorités n'évoquent pas de panique bancaire à ce stade, mais elles reconnaissent un sentiment de "peur qui pourrait évoluer en panique". Et pour cause : les épargnants grecs ont retiré 700 millions d’euros pour la seule journée de lundi.

"(George) Provopoulos (gouverneur de la banque centrale grecque, ndlr) m'a dit qu'il ne s'agissait pas de panique, mais d'une grande peur qui pourrait évoluer en panique", a confié lundi le président grec, avant d’ajouter que la banque centrale grecque tablait sur une moyenne de 800 millions d’euros retirés chaque jour. Effectivement, les montants retirés le lendemain ont avoisiné ce montant et la tendance n’a aucune raison de s’inverser.

Une manière d’anticiper le pire

Si de nombreux Grecs se ruent dans leur banque, c’est qu’ils redoutent que leur pays soit contraint de quitter la zone euro, ce qui entraînerait une dévaluation rapide d'une nouvelle drachme, l’ancienne monnaie nationale.

Ils mettent donc à l’abri leur capital libellé en euro, comme cela avait été le cas en avril 2010, lorsqu’avait éclaté la crise grecque. Quand aux grosses fortunes, elles avaient déjà transféré leur argent à l’étranger, si bien que 72 milliards d'euros ont été officiellement retirés depuis janvier 2010.

"On n'attend plus rien de personne", a résumé Ionna, jeune vendeuse athénienne interrogée par la presse. "Ce n'est pas une question de partis, même les extrêmes ne pourront rien faire. Les mesures d'austérité vont empirer, nous ne pouvons rien faire, et quel que soit le parti au gouvernement, il continuera à acquiescer et à appliquer sans broncher ce que dit l'UE ou le FMI", a-t-elle regretté, dépitée.

Le pessimisme gagne les institutions internationales

Chargés de veiller à la bonne application du plan d’austérité, les institutions internationales sollicitées par la Grèce ont toujours tenu à positiver, considérant que la Grèce s’en relèverait. Mais leurs dirigeants, d’habitude très prudents, ne cachent plus leur scepticisme.

"Nous n'espérons vraiment pas" une sortie grecque de la zone euro, a tenu à rappeler mardi Christine Lagarde, à la tête du FMI, avant de reconnaître : "mais nous devons être préparés techniquement à tout". De même, le patron de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi a confié mercredi qu’il ne souhaitait pas une sortie de la zone euro mais que son institution ne viendrait pas une nouvelle fois en aide à la Grèce.

"La Grèce fait partie de la famille", a également tenu à rappeler le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, avant de rappeler qu’il n'y avait "pas moyen de changer les engagements pris par la Grèce" en échange d'un second plan d'aide.

La Grèce est donc dans une attente délétère, espérant que les prochaines élections débouchent sur un gouvernement dans un mois. Mais chaque jour qui passe les rapproche un peu plus de nouvelles échéances financières sans qu’aucune nouvelle réforme ne soit réalisée. Le répit est donc plus que précaire.