Geert Wilders, acquitté et soutenu

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S.H. , modifié à
Poursuivi pour incitation à la haine raciale, le leader de l’extrême-droite néerlandaise a été blanchi.

L’heure de l’épilogue a sonné pour Geert Wilders. Le chef de file de l’extrême-droite néerlandaise a été définitivement relaxé jeudi par le tribunal d’Amsterdam. Le dirigeant du Parti de la liberté (PVV) devait répondre d’outrage à un groupe de personnes et de quatre chefs d’accusation d’incitation à la haine et à la discrimination raciale et religieuse. Il risquait jusqu’à un an de prison ou 7.600 euros d’amende. Les associations qui s’étaient portées partie civile ne pourront faire appel de la décision.

Aux musulmans de "s’adapter"

Le député, qui s’était distingué par ses prises de position contre l’islam après l’assassinat du réalisateur Théo Van Gogh, était notamment poursuivi pour avoir comparé le Coran à Mein Kampf, le pamphlet d’Adolf Hitler.

Le leader d’extrême-droite avait également appelé les musulmans des Pays-Bas à "s’adapter à la culture dominante" ou à "quitter le pays". Ces propos avaient été tenus entre octobre 2006 et mars 2008 dans des journaux néerlandais, sur des forums et dans son film Fitna ("Discorde" en arabe), largement diffusé sur la toile.

Le tribunal d’Amsterdam, qui avait ouvert le procès le 4 octobre 2010, a jugé les déclarations "grossières et dégradantes", mais a estimé qu’elles ne constituaient pas une incitation à la haine.

La victoire de la "liberté d’expression"

"Ce n'est pas seulement une grande victoire pour moi-même, c'est une victoire pour la liberté d'expression (…) Cela signifie que c'est légal de critiquer l'islam", s’est félicité Geert Wilders à la sortie du tribunal.

Depuis le début de son procès, le sulfureux parlementaire avait bâti sa défense en s’auto-proclamant héraut de la liberté d’expression. Le leader d’extrême-droite avait alors tenté de gagner en fréquentabilité, en aseptisant ses propos et en mettant en avant les menaces de mort dont il était la cible. Geert Wilders jouit d’ailleurs d’une protection rapprochée 24 heures sur 24.

Dans la lignée de cette opération de communication, son parti, le PVV, qui affirme lutter contre l’islamisation du pays, était d’ailleurs arrivé troisième aux élections législatives anticipées du 9 juin 2010, avec 24 sièges de députés sur 150.

Internet, vivier de soutiens pour Geert Wilders

Le "combat" de l’élu populiste avait rapidement recueilli de multiples soutiens. En juillet 2010, les partisans de Geert Wilders se sont ainsi réunis en un mouvement baptisé International freedom alliance (IFA), qui dispose d’annexes en France, en Allemagne, au Canada et aux Etats-Unis. Sa vocation tient en un slogan : "lutter contre l’islam, pour la liberté".

Le "député peroxydé" a en outre fait du web une tribune de choix. Des appels aux dons aux pétitions, en passant par les multiples invitations à manifester, les initiatives partisanes ont été très nombreuses.

Sur Facebook, la page de Geert Wilders compte ainsi plus de 6.300 membres, parmi lesquels figurent notamment de nombreux mouvements pro-israéliens. Sur la page de l’IFA, il est noté que la formation "n’est pas l’alliée de Jean-Marie Le Pen, ni de l’Autrichien Jorg Haider".

"Nous ne joindrons jamais aux fascistes et aux mussoliniens d’Italie. Je suis très effrayé à l’idée d’être rattaché à des groupes fascistes de droite", s’y inquiète Geert Wilders.

Des soutiens "laïques"

Fait singulier, les soutiens de Geert Wilders ne proviennent pas uniquement de mouvements d’extrême-droite. Ainsi, à l’annonce du verdict du tribunal d’Amsterdam, les commentaires d’internautes néerlandais se décrivant comme "laïques" ou "attachés aux droits de l’Homme" ont pullulé sur Twitter.

"Je déteste Geert Wilders, mais je suis content qu’il n’ait pas été condamné pour avoir dit sa pensée. Nous ne devons pas le censure", clame par exemple johannhari101. "La liberté d’expression a vaincu", s’exclame une autre internaute. Un refrain repris de nombreuses fois sur le réseau social.