Européennes : comment a voté l’Europe de la crise ?

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Alexis Toulon , modifié à
L’Irlande, le Portugal et la Grèce ont subi une cure d’austérité. Dans les urnes, les eurosceptiques ne sortent pourtant pas gagnants.

La crise de la dette a secoué les pays de l’Union européenne entre 2010 et 2012. Au cœur de la tempête, l’Irlande, le Portugal, la Grèce et Chypre dont les économies ont été placées sous la tutelle peu démocratique de la Troïka, composée du FMI, de la BCE et de la Commission européenne. Ces pays ont subi une cure de rigueur très violente, mais dimanche, cela ne les a pas poussés en masse vers les partis eurosceptiques. Retour sur les résultats des élections européennes des anciennes économies malades de l’Europe.

L’Irlande

Gerry Adams, président du Sinn Fein

© REUTERS/Cathal McNaughton

L’ancien tigre celtique a été balayé par la crise des subprimes et s’est enfoncé dans la crise de la dette européenne dans la foulée. La participation aux élections européennes a été de 51,6%, bien plus que la moyenne européenne. Les Irlandais ont choisi de ne pas voter pour les partis traditionnels. Les grands vainqueurs de ces élections sont les "Independants", avec 24% des votes, dont les membres sont majoritairement issus du parti du Labour party (membre du PPE). Ils sont accompagnés du Fianna Fáil Party, de centre-droit, des conservateurs du Fine Gael Party (les deux 22%) et du Sinn Féin (qui était la branche politique de l’IRA) avec 17% qui se situe à gauche de l’échiquier politique. Mais aucun parti résolument eurosceptique ne s’impose donc sur l’île. Si sanction politique il y a eu, elle concerne la politique locale, et non l’Europe.  

La Grèce

Bulletins de votes en Grèce

© REUTERS/Yorgos Karahalis

Le symbole même de la crise de la dette européenne, le pays qui a fait trembler l’ensemble de la zone euro, n’a pas renié la démocratie grecque. Le pays a largement voté, avec un taux de participation de plus de 58%. Le SY.RΙ.ΖΑ. est le grand gagnant de ces élections avec 26,51% des suffrages, un parti de coalition de gauche radicale, qui s’oppose à l’Europe de l’austérité, mais ne remet pas en cause l’Union européenne dans sa totalité. Il est suivi par Nouvelle Démocratie, parti conservateur membre du PPE, avec 23,16%. Toutefois, la Grèce envoie des députés néo-nazis, résolument anti-européens, siéger à Bruxelles. Aube dorée, parti arrivé 3e avec 9,34%, poursuit sa progression dans le pays et s’affirme comme la troisième force politique grecque.

Chypre

L’île de la Méditerranée, petite économie bancaire, n’a pas résisté à la crise des subprimes. Les élections, dont la participation se situe dans la moyenne européenne, sont remportées par le Rassemblement démocratique, au pouvoir, un parti conservateur du PPE, avec 37,7% des voix. Il est suivi du Parti progressiste des travailleurs avec près de 27%, un parti d’obédience communiste qui était pour l’entrée du pays dans l’Union sous condition. Enfin, les centristes du DIKO (Parti démocrate) sont troisièmes, avec 10,8% des suffrages. Les élections européennes n’ont pas favorisé la montée des europhobes, mais renforcé les deux partis majoritaires du pays.

Portugal

Manuel Barroso vote au Portugal

© REUTERS/Rafael Marchante

Le Portugal sort progressivement de la crise et renoue avec la croissance, avec une augmentation du PIB de 0,6% au dernier trimestre 2013. Le pays a subi une double crise, tant économique que politique, et une cure de rigueur très sévère. Désaveux de l’Union européenne ou simple désintérêt, les Portugais ne se sont pas mobilisés : le taux de participation atteint seulement 34,5%. Et le grand vainqueur est le Parti socialiste qui remporte 31,45% des suffrages, devant le Parti social-démocrate au pouvoir, qui totalise 27,7% des voix. La troisième force du pays, avec 12,69% des suffrages est le CDU, une coalition qui rassemble des communistes et des écologistes. Le vote est donc plus orienté sur une critique du parti au pouvoir, que sur une condamnation de l’Union européenne.

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