Etats-Unis : le Tea Party fait (encore) des vagues

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avec agences
LA RACLÉE - Un ténor du parti républicain a été sèchement battu à une élection primaire par un inconnu issu du Tea Party, qui signe peut-être là son retour.

Eric Cantor, numéro deux de la Chambre des représentants, était jusqu’à mercredi l’un des républicains les plus puissants des Etats-Unis. Mais ce ténor va démissionner après avoir pris une sévère raclée lors d’une élection primaire en Virginie, où il a été battu à plates coutures par un illustre inconnu affilié au Tea Party, ce mouvement contestataire ultra-conservateur anti-establishment que l’on croyait très affaibli. Et qui pourrait donc bien renaître de ses cendres, à quelques mois des élections de la mi-mandat.

Un obscur prof d'université. Le tombeur d’Eric Cantor s’appelle David Brat. Âgé de 49 ans, obscur professeur d’économie dans une université de Virginie, cet adepte des idées du Tea Party – moins d’intervention de l’Etat fédéral, conservatisme sur les questions de société – a dirigé toute sa campagne contre Eric Cantor. Le vétéran de la Chambre des représentants était accusé de ne pas être assez conservateur et d’avoir trahi les valeurs du parti sur les questions de dépenses, d’immigration et d’endettement. 

Un message de campagne de David Brat, clairement dirigé contre Eric Cantor : 

Le discours a fait mouche : Eric Cantor, dont les moyens étaient pourtant bien supérieurs, a été battu de dix points par le trublion du Tea Party. Une véritable "leçon d’humilité" pour le parti républicain, note The Washington Post. Et un "tremblement de terre" politique, estime le blog politique FiveThirtyEight, et peut-être le signe que la "guerre" entre les républicains classiques et le Tea Party, qui a connu ses premiers succès en 2010, est relancée. 

"Une vague d'énergie" au Tea Party. Du côté du Tea Party, les militants se félicitent de cette victoire "de derrière les fagots", bienvenue après une année pauvre en victoires, signale le Washington Post. Ils se préparent aussi déjà à mener d’autres batailles, dans d’autres Etats, pour tenter de rafler un maximum de candidats aux élections de mi-mandat. "Cela crée une vague d’énergie qui est contagieuse", jubile un militant de Washington interrogé par le quotidien. 

Un pick-up aux couleurs de Dave Brat

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D’après un politologue, 22% de l’électorat américain est favorable au Tea Party. Pour le Wall Street Journal, la victoire de David Brat montre que, contrairement à ce que pensaient les observateurs, cette aile à droite de la droite américaine ne s’est pas dissoute dans le parti républicain traditionnel. 

Même si certains, comme le New York Times, expliquent que le scrutin s’est joué en grande partie sur un enjeu local, le journal économique soutient que la défaite du ténor républicain aura des conséquences. Par ricochet, elle pourrait ainsi coûter à Barack Obama sa réforme de l’immigration, l’un de ses projets phares. Eric Cantor n’était pas partisan de cette réforme emblématique, mais il avait évoqué, plusieurs fois, la possibilité d’aménager les textes existants. Mais David Brat, qui pourrait donc lui succéder a, quant à lui, basé une partie de sa campagne sur son opposition farouche à la réforme du président démocrate. 

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