En Syrie, des enfants pleurent de froid

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et Sophie Nivelle-Cardinale , modifié à
REPORTAGE - A Qamishli, dans le nord-est du pays, les habitants craignent que le régime ne s’accapare l’aide humanitaire.

L’INFO. Pour l’ONU, il s’agit de "la pire crise humanitaire depuis des décennies". Dimanche, un premier vol humanitaire des Nations unies, venu d’Irak, a atterri dans le nord-est du pays, à Qamishli, dans une région pour l’instant relativement épargnée par la guerre. A bord de cet avion, de la nourriture, des vêtements chauds et de l’argent pour acheter du combustible, afin d’aider les Syriens à faire face à l’hiver très rude qui s’annonce. Mais les habitants craignent que cette aide vitale ne parviennent jamais jusqu’à eux.

>> A Qamishli, Sophie Nivelle-Cardinale a rencontré pour Europe 1 des Syriens qui vivent dans des conditions extrêmement difficiles.

Pas d’électricité, donc pas de chauffage. La petite Gouyar est rentrée de l’école en pleurs, ses mains brûlent tellement il fait froid. La fillette de six ans n’arrive pas à se réchauffer. Dans sa maison, un deux-pièces aux murs décrépis, il n’y a pas d’électricité, donc pas de chauffage.

Syrie : le régime "va donner l'aide aux soldats"par Europe1fr

Dans cette famille de quatre enfants, on ne fait qu’un seul repas par jour. Depuis la guerre, le pain coûte cinq fois plus cher. Il faut aussi nourrir la tante et les cousines, qui ont fui les bombes à Alep, et Kader, le grand-cousin, dont les parents sont réfugiés en Turquie. "Il n’arrête pas de neiger depuis hier, il fait très froid", souligne-t-il, avant d’aller "voir si les autres habitants ont de l’essence pour le groupe électrogène"

avion ONU Syrie, 400, REUTERS

Une région tenue par les Kurdes. Dans ce village situé à 50 kilomètres de Qamishli, personne n’a entendu parler de l’arrivée des avions de l’ONU. Ici, pas de bombardements, pas d’islamistes fanatiques non plus : ce sont les forces kurdes qui quadrillent toute la région. Avec ses hommes armés de kalachnikov, le commandant Khalil, qui commande l’entrée de la ville, assure : "on ne peut pas faire la guerre au régime". "Il ne peut rien faire ici, il reste dans son coin, c’est tout", poursuit-il.

C’est dans le centre-ville que l’on peut croiser des soldats de l’armée syrienne. Et à l’aéroport, là où atterrissent les avions de l’ONU. Alors les habitants ne se font guère d’illusions. Pour un habitant de Qamshili, c’est clair, "ils vont donner l’aide aux soldats ou l’envoyer chez eux à Lattaquié". Dans une ville où personne ne dort sous des tentes, lui passera toute de même mardi une nouvelle soirée à la bougie, emmitouflé dans une couverture.

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