Doha : ces îles qui prennent l’eau

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L’AOSIS tente de défendre des micros Etats menacés par le réchauffement climatique.

. Les petites îles lancent un cri d’alarme à la face du monde industrialisé, à l'occasion de la conférence de Doha sur le climat : "nous faisons face à un désastre aux proportions gigantesques" ! Avec une altitude moyenne située entre 3 et 5 mètres au dessus du niveau de la mer, de nombreuses îles du Pacifique vivent désormais la moitié de l’année les pieds dans l’eau. 

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Un grande voix pour un petit poids. Plus qu’une crainte, le réchauffement climatique est bel et bien une réalité pour ces confettis de terre perdus dans l’océan. Mais difficile de se faire entendre quand on pèse moins d’1% de la population mondiale. Alors pour donner de la voix, quarante-quatre îles-Etats se sont réunies au sein d’une alliance des petits Etats insulaires, l’AOSIS, qui représente 28 % des pays en développement et 20 % de tous les pays membres de l'ONU.

A Nauru, dans le milieu du Pacifique, les habitants vivent désormais les pieds dans l'eau :

Le risque : des Etats sans territoire. "Nous ne pouvons plus prétendre qu'il n'est pas de notre responsabilité de prendre des mesures et de le faire de manière urgente", estime Marlene Moses, représentante de l'AOSIS. "Depuis sept ans, les pays industrialisés parlent et parlent et parlent" de leurs engagements à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. "Mais il arrive un moment où il faut faire le travail. Et ce moment est arrivé", ajoute-t-elle.

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Outre le désastre écologique qui force davantage d’habitants, chaque année, à quitter leur île, la montée des eaux ouvre la voie à une menace nouvelle dans son genre : la disparition de territoires. "Pour la première fois dans notre Histoire, nous allons voir des territoires disparaître sous les eaux", observe Natacha Bracq, auteure du Changement climatique et droit des Etats, l'exemple de Tuvalu, interrogée par Europe1.fr. "Et cette disparition pose la question du devenir des Etats. Quid d’un Etat sans territoire ?", s’interroge la jeune spécialiste.

Quand la solution dépend des autres. Pour éviter de voir ces joyaux ne soient engloutis par les océans, il faut être davantage exigeant en matière d’émission de carbone, répond l’AOSIS.  "Ces îles demandent à ce qu’un accord contraignant en matière de gaz à effet de serre soit signé sur la base d’une augmentation de 1.5 degré d’ici à 2020 et non pas 2 degré comme le souhaite l’Union Européenne", détaille Natacha Bracq. Des mesures nécessaires pour éviter que d’autres îles ne connaissent le même sort que celle de New Moore, disparue à jamais en 2010, sous les flots du golfe du Bengale.

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La capitale des Maldives, Malé, compte plus de 400.000 habitants.

Le système D. C’est sur cette problématique que planchent aujourd’hui les îles menacées par la disparition de leurs terres avec pour objectif de tout faire pour ne pas avoir à "déménager l’Etat". Les Maldives ont, par exemple, financé, avec l’aide du Japon, la construction d’une digue pour repoussée la mer. Des efforts vains si des décisions ne sont pas prises au niveau mondial. Et c’est ce qui se joue en ce moment à Doha.