Des milliers de manifestants contre ACTA

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avec agences , modifié à
A Paris, plus de 1.000 personnes ont dénoncé les atteintes aux libertés numériques.

Des dizaines de milliers de manifestants ont bravé le froid, samedi, dans toute l'Europe, pour protester contre l’accord ACTA sur la contrefaçon. Un texte qui fait craindre aux défenseurs des libertés numériques la mise en place de nouvelles limitations de la liberté d’expression sur Internet.

1.000 personnes à Paris

A Paris, l’événement a regroupé un millier de personnes au plus fort de la mobilisation. La foule jeune, plutôt masculine et largement vêtue de noir, couleur des Anonymous, a défilé dans le calme scandant "Liberté".

Une pancarte se fait menaçante : "Si ACTA est voté: Wikipédia, Youtube, Mediafire..." Les noms de ces sites très fréquentés sur la Toile sont barrés en rouge. "C'est sous couvert d'anonymat que la révolution est née", proclament des pancartes dans le cortège parisien, allusion aux actions spectaculaires des pirates informatiques "Anonymous".

Un manifestant qui préfère rester anonyme s'enthousiasme : "On est plus nombreux qu'il y a quinze jours et on se battra jusqu'à ce que l'accord ACTA soit retiré." La plupart des manifestants ont été mobilisés via Internet, surtout les réseaux sociaux, et par le bouche à oreille.

"La manifestation parisienne n'est qu'une toute petite partie d'un mouvement global, spontané", a commenté Jérémie Zimmermann, porte-parole de l'association la Quadrature du Net, interrogé par Le Monde.fr. Plusieurs autres villes ont connu des manifestations anti-ACTA. Ils étaient 450 à Lyon, 200 à Lille, 100 à Reims et 70 à Dijon, selon la police. Ou encore, quelque 200 à Rennes, une centaine à Poitiers et à Tours, ou une quarantaine à Rouen et Angers.

Succès en Europe de l’Est

Mais c’est en Allemagne que les manifestants se sont montrés les plus motivés. Au total, plus de 100.000 personnes se sont regroupées dans toute l’Allemagne. Malgré des températures avoisinant les -10 degrés, ils étaient en effet 16.000 à Munich et 10.000 à Berlin, selon les organisateurs et la police.

Avait notamment appelé à manifester dans ce pays le jeune parti contestataire des Pirates, qui a le vent en poupe en Allemagne depuis son succès en septembre dernier aux élections régionales de Berlin. Cette formation originaire de Scandinavie prône notamment la démocratie directe sur Internet. "Nous avons largement dépassé nos objectifs de participation en Allemagne", a déclaré un porte-parole des Pirates.

La mobilisation a également été particulièrement suivie en Europe de l’Est, où d’importantes manifestations ont déjà eu lieu ces dernières semaines. En Autriche, 6 000 personnes ont manifesté à Vienne, Graz, Innsbruck et Linz. Ils étaient plus de 3.000 en République Tchèque. A Sofia, plus de 3.000 personnes ont défilé dans les rues et autour du siège du parlement bulgare, scandant "Non à ACTA !" et "Mafia !".

L’accord suspendu en Allemagne

Négocié entre l'Union européenne, les Etats-Unis, le Japon, le Canada, la Nouvelle-Zélande, l'Australie, Singapour, la Corée du Sud, le Maroc, le Mexique et la Suisse, ACTA vise notamment à lutter contre le téléchargement illégal. Pour tenter de démonter les accusations d'opacité formulées par les opposants, la Commission européenne a publié sur Internet un long document détaillant les circonstances dans lesquelles se sont déroulées les négociations sur l'accord multilatéral.

Vendredi, Berlin avait annoncé suspendre pour le moment la ratification de l'accord ACTA, précisant qu'aucune décision définitive n'avait été prise.