DSK : un cadre d'Accor sur la sellette

Le cadre d'Accor était de permanence le 14 mai, jour de l'interpellation de Dominique Strauss-Kahn à New York.
Le cadre d'Accor était de permanence le 14 mai, jour de l'interpellation de Dominique Strauss-Kahn à New York. © REUTERS
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et Pierre de Cossette , modifié à
- Il lui est reproché d'avoir envoyé un mail "embarrassant" concernant l'affaire DSK.

Un mail qui pourrait lui coûter très cher. Un haut responsable du groupe Accor, Xavier Graff, directeur de la gestion des risques, est convoqué par la direction le 27 juillet pour une "procédure de sanction disciplinaire", a indiqué une porte parole du groupe hôtelier confirmant une information du Point. On lui reproche d'être sorti de son devoir de réserve.

En cause, un message adressé notamment à un colonel de gendarmerie dans lequel figure ce passage : "Au Sofitel, nous avons réussi à faire tomber DSK". Xavier Graff était de permanence le 14 mai, jour de l'interpellation de Dominique Strauss-Kahn à New York, alors que des interrogations subsistent sur l'heure tardive à laquelle l'Elysée aurait été prévenu. Un mail "embarrassant", dit le groupe hôtelier, qui ressemble pourtant fort à une blague de potache d'après les informations recueillies par Europe1.

"Nous avons réussi à faire tomber DSK"

Les faits remontent au 24 juin, plus d'un mois après l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn. Le cadre du groupe Accor se met à son clavier et décide d'écrire à un colonel de gendarmerie, Thierry Bourret, qui suit avec lui un séminaire de l’INHESJ (Institut National des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice). Il vient en effet de l'entendre à la radio. Ce dernier dirige l'OCLAESP, un office qui s'occupe notamment des questions de dopage sur le tour de France. "Au Sofitel NY, nous avons réussi à faire tomber DSK (...) nous espérons que l'OCLAESP arrivera à faire tomber quelques cyclistes tricheurs cet été", écrit alors Xavier Graff.

Cela fait un an que les deux hommes se voient, une semaine par mois. Ils suivent ensemble un séminaire de l’INHESJ où sont présents une centaine de magistrats, de policiers, de responsables de la sécurité de grandes entreprises, répartis par groupes de 20. Le mail est d'ailleurs adressé à l'ensemble de leur groupe, soit une vingtaine de personnes.

Simple blague ou affaire d'Etat ?

Les personnes qu'Europe1 a pu joindre n'ont aucun doute sur le caractère humoristique de la phrase. "Une blague potache" dit un camarades d'étude, ajoutant que "s'il y avait une once de vérité, il n'aurait jamais écrit ça". Un autre explique qu'avec le temps, les plaisanteries étaient devenus fréquentes. Les commissaires, les juges, la sénatrice du groupe se prenaient à rire, entre eux, de la question des concombres contaminés.

"Il est peut-être allé trop loin, mais il a fait ça en toute confiance", commente un membre du groupe d'études où l'on se regarde désormais en chien de faïence en se demandant qui a eu intérêt à divulguer ce message. D'ailleurs, Xavier Graff interrogé par Le Point reconnaît qu'il y a eu "un loupé incompréhensible, j'aurais dû être prévenu beaucoup plus tôt. C'est par mail que j'ai appris la nouvelle du directeur du Sofitel NY".

Mais pour d'autres, le scénario de la blague passe mal. Le club DSK évoque "une possible affaire d'Etat". "Ces dernières révélations (..) attestent d'une possible affaire d'Etat sur laquelle nous demandons des explications claires et précises au président de la République", écrit dans un communiqué le club DSK, lancé il y a un an pour "créer les conditions d'une alternative durable de la gauche autour de son meilleur candidat naturel".