Climat : le rapport alarmant du Giec en quatre chiffres

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EN CHIFFRES - Les experts ont présenté un diagnostic sans appel sur le réchauffement. Explications.

L’INFO. Une nouvelle fois, le constat est alarmant. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, (Giec), prix Nobel de la paix 2007, a présenté vendredi son nouveau rapport sur l’ampleur du réchauffement de la planète. Réunis à Stockholm, les délégués de quelque 110 nations ont validé ce diagnostic portant sur les aspects purement scientifiques. Avec Michel Petit, correspondant de l’Académie des sciences et auteur de Climat : une planète et des hommes, Europe1.fr vous résume ce document destiné aux "décideurs", en quatre chiffres clés.

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Le chiffre : 95%. Le constat est sans ambigüité : le Giec explique que les activités humaines sont, de manière "extrêmement probable", avec une probabilité d’au moins 95%, la principale cause du réchauffement planétaire depuis les années 1950. Dans le précédent rapport, publié en 2007, cette probabilité était évaluée à 90%, et à 66% dans celui de 2001.

Ce que ça veut dire. "C’est un résultat qu’on connaît depuis longtemps et qui est bel et bien conforté. S’il n’y avait pas ce changement de concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, il n’y aurait pas cet accroissement des températures. Et le fait que ce changement de composition soit dû aux activités humaines présente encore moins de contestation", décrypte Michel Petit, pour qui ce chiffre ne convaincra pas pour autant les climato-sceptiques.

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Le chiffre : 0,3 à 4,8°C. La hausse des températures pourrait atteindre 4,8°C d’ici la fin du siècle. Une augmentation qui pourrait être limitée à 0,3°C, avec une réduction importante des émissions de gaz à effet de serre. Dans son rapport de 2007, dans lequel il utilisait un autre modèle informatique, le Giec prédisait une hausse de 1,1 à 6,4°C.

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Ce que ça veut dire. "Les régions les plus au nord sont celles qui vont se réchauffer le plus. On s’attend aussi par exemple à ce que le nord de l’Europe soit plus arrosé", note Michel Petit. A l’inverse, dans certaines zones déjà arides et désertiques, "on peut imaginer qu’il pleuve encore moins", un phénomène qui pourrait se traduire par des famines.

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Le chiffre : 26 à 82 cm. C’est le chiffre qui a été le plus sérieusement revu à la hausse : le niveau des mers risque d’augmenter encore de 26 à 82 cm d’ici 2100, après s’être déjà élevé de 19 cm au cours du XXe siècle. Cette estimation dépasse celle formulée en 2007, quand les experts du Giec pensaient que la hausse moyenne du niveau des océans atteindrait 18 à 59 cm en 2100.

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Ce que ça veut dire. "Les îles, en particulier les îles coralliennes, comme les Maldives ou les Kiribati", sont concernées, ainsi que les "zones de delta", explique Michel Petit. Aux Pays-Bas, le problème est ainsi pris très au sérieux et des barrages ont été érigés, même si des territoires risquent malgré tout d'être "abandonnés à la mer" rappelle le scientifique. D'autres pays, comme le Bangladesh ou l’Égypte, où la vallée du Nil est menacée, n’ont quant à eux même pas les moyens de prendre des mesures.

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Le chiffre : 15 ans. Pour les scientifiques du Giec, cette donnée est un casse-tête : depuis 15 ans, la hausse des températures a marqué un ralentissement. Alors que les températures augmentaient en moyenne de 0,12°C par décennie depuis 1951, le rythme du réchauffement n’est plus "que" de 0,05°C depuis 1998. Les experts ont beau expliquer que ces pauses, ou "hiatus", sont fréquentes et ne remettent pas en cause les projections à long terme, les climato-sceptiques se sont évidemment engouffrés dans la brèche pour remettre en cause les modèles climatiques, voire contester le rôle de l’homme dans le réchauffement.

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Ce que ça veut dire. "Le phénomène a toujours existé : dans le passé, il y a eu des successions de périodes où la température n’a pas bougé", explique Michel Petit, insistant sur le fait que "la dernière décennie a quand même été plus chaude que la précédente". "Dire que [le réchauffement] s’est calmé, cela n’a pas de signification", assure-t-il, livrant l’explication de ce "palier" : sur la planète, c’est l’océan qui chauffe le plus, absorbant "93% de l’énergie supplémentaire". Or, si la chaleur est stockée plus profondément dans l’océan, cela "ne se traduit pas par un réchauffement en surface". Et cela donne donc l’impression que le réchauffement global marque le pas, alors qu’il n’en n’est rien sur le long terme.