Centrafrique : le fils Bokassa dans les pas de son père

Une statue de l'empereur Bokassa à Bangui
Une statue de l'empereur Bokassa à Bangui © Reuters
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et Gwendoline Debono, envoyée spéciale à Bangui
DYNASTIE - Le fils de l’empereur mégalomane Jean-Bédel Bokassa veut jouer un rôle dans la reconstruction de son pays.

LE PORTRAIT. Son père était "Empereur de Centrafrique par la volonté du peuple centrafricain, uni au sein du parti politique national : le MESAN". Lui se contenterait bien du titre de président de la République centrafricaine. Alors que le pays retrouve lentement la stabilité, Jean-Serge Bokassa, fils du dictateur Jean-Bédel, entend bien jouer un rôle dans la reconstruction de la Centrafrique.

L’héritier de l’ex-empereur, qui a régné sur le pays entre 1966 et 1979, est plus actif que jamais à Bangui. La semaine dernière, il a été à l’origine de manifestations qui ont rompu le calme revenu depuis plusieurs mois dans la capitale.

Dans les pas de son père. Mais pas question de lui parler de succession. Pour Jean-Serge Bokassa, 42 ans, la politique est une vocation. Rien à voir avec la "carrière"» de dictateur sanguinaire de son père. D’ailleurs, la preuve ultime, selon lui, c’est qu’aucun de ses 54 frères et sœurs ne s’est lancé en politique.

Jean-Serge Bokassa en est persuadé, son père l’aurait dissuadé de suivre ses pas : "Je pense qu’il m’aurait déconseillé de le faire. Ca revenait toujours dans ses discours, que la politique lui avait tout enlevé, sa famille, ses biens", raconte-t-il à Europe 1.

En exil, puis ministre. Il a passé une partie de sa vie en exil, en Suisse, où il suit des études de théologie après la chute de l’ex-empereur. A son retour en Centrafrique, il devient député puis ministre. Il refuse de dresser un parallèle entre le destin de son père, autoproclamé empereur de Centrafrique, et le sien.

Bokassa Centrafrique

© SIPA

Le bon côté de l’empereur. S’il n’est pas son père, il défend bec et ongles l’héritage de Jean-Bédel Bokassa : "Il nous a montré aussi le chemin du patriotisme. Je suis encore plus ferme sur la nécessité qu’il faut enrayer l’impunité et il nous en a donné l’exemple. Il est rentré chez lui. Il a été jugé et a fait de la prison", raconte le fils, qui explique qu’il "y a eu des périodes où c’était difficile de porter ce nom, quand j’étais plus jeune".

Aussi incroyable que cela puisse paraître, Jean-Serge Bokassa a fait de son père un argument de campagne. Pour autant, il veut indemniser les familles des victimes du sanguinaire dictateur avec la vente de deux chateaux en France. La contradiction, le consensus, dirait-il, fait partie de son ADN.

La prochaine campagne en ligne de mire. L’homme providentiel pour la Centrafrique sera "capable de définir un cap, proche des gens". Tout lui, en somme. D’ailleurs, il se présentera sans doute à la prochaine présidentielle avec l’espoir d’être le deuxième Bokassa à la tête du pays.

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