"C’est assez simple de créer un blackout"

Des sites menacent de blackout contre la loi Sopa
Des sites menacent de blackout contre la loi Sopa
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Propos recueillis par Solène Cordier , modifié à
INTERVIEW - Des sites américains prévoient un blackout anti-loi Sopa. Comment vont-ils faire ?

Le Congrès américain devrait examiner mercredi la loi Sopa (Stop Online Piracy Act), qui vise à renforcer la lutte contre le piratage. Pour protester contre ce texte, certaines figures du web, à l’instar du fondateur de Wikipédia Jimmy Wales, ont décidé de fermer leur site pendant plusieurs heures mercredi. Jérémie Zimmermann de la Quadrature du Net explique à Europe1.fr comment ils vont s'y prendre.

Europe1.fr : Wikipédia et d’autres ont menacé de fermer temporairement leur site mercredi pour protester contre l’examen de la loi Sopa au Congrès. Comment est-ce possible ?

Jérémie Zimmermann : C’est possible pour les sites qui disposent de leurs propres serveurs et peuvent donc remplacer des fichiers, ceux de leur page d’accueil par exemple, par d’autres. Il faut effectuer une manipulation technique, qui prend moins de 30 minutes. C’est relativement simple.

Quand vous êtes l’opérateur d’un site, vous disposez de trois options pour le passer en offline. Soit vous choisissez de mettre une bannière sur votre page d’accueil, généralement accompagnée d’un message et éventuellement d’un lien renvoyant vers votre site, soit vous bloquez l’accès à votre page d’accueil en la remplaçant par une page noire, soit,  enfin, vous empêchez l’accès à toutes les pages du site.

Légalement, seuls les dirigeants d’un site peuvent faire cette opération. Dans le cas de Wikipédia, qui a annoncé que son site serait bloqué, c’est sûrement aux responsables de Wikimédia, leur plateforme d’hébergement technique, que cette opération revient.

A la Quadrature du Net, nous allons nous aussi participer à ce blackout en signe de soutien et pour manifester notre opposition à la fois aux textes de loi américains Sopa et Pipa et à Acta, leur équivalent au niveau européen.

Europe1.fr : Est-ce que ce genre de blackout a déjà été expérimenté avant ?

J.Z. : En France, nous avions mené une opération similaire au début de l’examen à l’Assemblée de l’Hadopi. Cela avait bien fonctionné. Certains sites avaient remplacé leur page d’accueil par une page noire, tandis que les internautes qui n’ont pas forcément de sites avaient modifié leur avatar.

Europe1.fr : Est-ce que cette fermeture est contournable en utilisant des proxy, comme le font les internautes dans les pays où Internet est très contrôlé ?

J.Z. : Non. A la différence de la censure officielle, qui peut effectivement être contournée à coups de proxy, cette simulation de censure est normalement contrôlée par l’opérateur du site. C’est lui qui décide.