Brennan, l'expert à l'oreille d'Obama

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Charles Carrasco , modifié à
PORTRAIT - Ce conseiller antiterroriste a été choisi par le président américain pour diriger la CIA.  

>> L'INFO. Il était depuis quatre ans les oreilles et les yeux d'Obama au Moyen-Orient. Le président américain va nommer, lundi après-midi, l'un de ses plus proches collaborateurs, John Brennan à la tête de la CIA, l'agence centrale du renseignement. Un aboutissement pour cet expert de haut-vol qui va succéder à David Petraeus, contraint de démissionner de ses fonctions en novembre après la révélation de sa liaison avec sa biographe.

• En contact permanent avec le "Bureau ovale". Alors que l'ancien sénateur républicain Chuck Hagel a été nommé lundi à la tête du Pentagone, Barack Obama a choisi son conseiller antiterroriste pour diriger Langley, le siège de l'agence de renseignement considérée comme la plus puissante du monde. S'il avait un attentat terroriste qui touchait des Américains à n'importe quel coin du globe, John Brennan était toujours le premier à appeler le "Bureau ovale" pour alerter le président, raconte CNN.

Le président est informé de la tuerie de Newtown par John Brennan :

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Pour la plupart des experts, son passage à la "West wing" de la Maison-Blanche sera un plus pour sa nouvelle mission. "Il sait ce que le président veut de son service de renseignement. Et il sait aussi ce qu'il faut faire pour y arriver en ayant travaillé au sein de l'agence. Il n'y aura pas de période d'apprentissage", confie Bill Harlow, un membre de la CIA. Sa proximité de vue avec le président est totale. "Depuis les premiers mois, cette similitude de point de vue m'a donné un vrai confort dans mon travail", déclarait John Brennan dans une de ses rares interviews au Washington Post. "Je pense que nous n'avons jamais eu de désaccord", avait-il insisté.

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• Le "waterboarding" et les drones. La nomination à la tête de la CIA de John Brennan est une deuxième chance. En 2009, il était déjà candidat à la direction de la centrale, mais des déclarations sur l'utilisation de torture sous l'administration du président George W. Bush -lors de laquelle il était en poste- avaient torpillé sa candidature. S'il a dénoncé la pratique de la simulation de noyade ("waterboarding") comme contraire aux valeurs américaines, il avait été écarté en raison de son implication dans le programme contesté de détention et d'interrogation de l'agence. Lors d'une interview sur CBS en 2006, il avait notamment déclaré que lors des interrogatoires, il fallait "parfois enlever les gants". Selon lui, l'utilisation des techniques d'interrogatoire musclées a permis d'obtenir des informations utiles. "Cela a sauvé des vies. Et n'oublions pas, ce sont des terroristes durs responsables du 11-Septembre, qui n'ont montré aucun remords pour la mort de 3.000 innocents", assurait-il en 2007.

Depuis qu'il a rejoint l'équipe de Barack Obama, son plus grand chantier concernait le programme d'attaques par drones notamment en Afghanistan, au Pakistan et au Yémen, dont la taille a été décuplée par l'actuel président. La Maison-Blanche souhaitait établir des règles durables pour définir dans quelles conditions un suspect de terrorisme pouvait être ciblé. "Nous essayons de définir un ensemble de règles, de critères, pour avoir un processus de décision autour de nos actions antiterroristes -des actions directes, létales- de façon à ce que, quel que soit le lieu où elles soient prises, nous soyons sûrs qu'elles le soient pour de bonnes raisons et de la bonne façon", expliquait-il au Washington Post en octobre.

• Son fait d'armes. Son arrivée à la tête de la CIA n'est pas une surprise. John Brennan, 57 ans, a occupé en 25 ans de carrière de nombreux postes au sein de la CIA, comme celui de chef du bureau en Arabie Saoudite. Il a été directeur de cabinet du directeur de la CIA entre 1999 et 2001 puis directeur du Centre national de la lutte antiterroriste entre 2004 et 2005. Cet "homme de l'ombre", les Américains l'ont surtout découvert, aux côtés de Barack Obama. Ce fils d'immigrés irlandais, qui parle arabe couramment, a même posé pour la postérité sur une photo qui restera dans l'Histoire. Celle de l'opération d'un commando qui a permis de tuer, le 2 mai 2011, Oussama Ben Laden, le commanditaire des attentats du 11 septembre 2001. 

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Et son expertise a été d'une grande aide pour l'administration américain. Avant de lancer le raid des forces spéciales, baptisé "Trident de Neptune", les analystes ont découvert qu'il y avait un chien dans la résidence fortifiée d'Abbottabad au Pakistan, raconte CNN. Certains d'entre eux affirmaient que les musulmans pratiquants n'ont, en règle générale, pas ce genre d'animaux avec eux. John Brennan s'était lui souvenu que Ben Laden avait un chien lorsqu'il vivait au Soudan et a donc validé l'opération auprès du président américain.