Breivik : la justice version norvégienne

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Mounia Van de Casteele avec Fabienne Le Moal , modifié à
Dans la salle d'audience, calme et courtoisie semblent être les deux mots d'ordre.

"Excusez-moi de vous interrompre" est une formule qui peut surprendre dans la bouche d'une procureure face à l'un des "pires criminels" du siècle. Et pourtant, c'est ainsi que ça se passe au tribunal d'Oslo. En Norvège, le procès d'Anders Breivik se déroule dans le calme, courtoisie à la clé, rapporte Fabienne Le Moal, envoyée spéciale d'Europe 1.

"Une discussion de café du commerce"

Confortablement installé, très souvent le sourire aux lèvres, Anders Breivik devise avec la procureure. Une discussion qui prendrait presque des allures de "café du commerce" tant les deux protagonistes semblent décontractés. Abandonnant l'étiquette, la magistrate de 41 ans reste assise pour dialoguer avec lui. Elle s'excuse parfois même de l'interrompre pour lui demander de revenir à l'essentiel alors qu'Anders Breivik est en train de lui expliquer que ce qu'il a fait le 22 juillet était "nécessaire".

Le ton des débats est si courtois que l'on en oublierait presque qu'il s'agit du procès d'un criminel. Cette ambiance est aussi surprenante que le calme que gardent les familles des victimes dans la salle.

"Courtoisie" rime avec "stratégie"

Mais c'est aussi une stratégie pour mieux dévoiler la personnalité d'Anders Breivik. C'est en tout cas ce que pense Viktor Orban, chercheur auprès du ministère de la justice norvégien et qui suit attentivement le procès. "On voit aussi une autre juge qui parle plus directement avec lui, d'une manière presque maternelle", explique-t-il au micro d'Europe 1. Mais pour lui, pas de doute : la manœuvre vise à déceler les faiblesses de l'accusé et comprendre ce qui a pu l'amener à "un geste aussi féroce".