Bout, le "marchand de mort", condamné

© MAXPPP
  • Copié
Mounia Van de Casteele , modifié à
La Russie va tout faire pour rapatrier le trafiquant d'armes qui fut aussi un héros de cinéma.

Le Russe Viktor Bout, jugé coupable en novembre dernier de trafic d'armes en faveur de la guérilla en Colombie, a été condamné jeudi par une juge new-yorkaise à 25 ans de prison. Un verdict "infondé" pour la Russie qui fera "tous les efforts" pour rapatrier Viktor Bout. Mais une peine "suffisante" pour le juge, vu les "circonstances uniques" de ce dossier, étant donné qu'il s'agit d'un guet apens de la police.

Viktor Bout avait été arrêté en Thaïlande en novembre dernier, accusé d'avoir essayé de vendre en 2008 un arsenal de fusils et de missiles à des agents secrets américains se faisant passer pour des guérilleros des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

"Je ne suis pas coupable, je n'ai jamais eu l'intention de tuer qui que ce soit, je n'ai jamais eu l'intention de vendre des armes à qui que ce soit, Dieu sait la vérité", a pourtant clamé d'une voix théâtrale l'ancien interprète de l'Armée rouge à l'épaisse moustache, vêtu d'un costume vert olive de détenu et les cheveux soigneusement coiffés en arrière, juste avant l'énoncé du verdict en pointant le doigt vers la petite salle comble du tribunal fédéral.

Le polyglotte Viktor Bout a longtemps brillé dans le monde sombre des affaires. Il a fait ses études à l'Institut militaire des langues étrangères de Moscou, grâce auquel il parle anglais, français, allemand, portugais, espagnol, xhosa, zoulou, farsi et espéranto en plus du russe. Puis, après un passage dans l'aviation russe, il se reconvertit dans le trafic d'armes, au moment de la chute du mur de Berlin, en 1989. Très vite, il se fait repérer sur la scène internationale, et devient spécialiste dans la vente d'armes dans des pays sous embargo de l'ONU.

Héros de cinéma

"Il a été pendant des années l'ennemi numéro un, armant certains des conflits les plus violents du globe", a souligné après le verdict le procureur de Manhattan Preet Bharara, se réjouissant que Viktor Bout "ait enfin été traduit en justice devant un tribunal américain". Celui qui avait même inspiré le personnage joué par l'acteur américain Nicolas Cage dans le film Lord of War, sorti en 2005, est en effet considéré par les Etats-Unis comme l'un des plus grands marchands d'armes clandestins du monde. Il a aussi été l'objet d'un documentaire de Tom Mangold, en 2009, intitulé Viktor Bout : le trafiquant qui a armé le monde.

Il a inspiré le film Lord of War :

                  

Viktor Bout, parfois surnommé le "Marchand de mort", a également inspiré Le Cauchemar de Darwin, en 2004. Il est notamment soupçonné d'avoir utilisé une flotte d'avions cargo constituée après la fin de la Guerre froide pour transporter des armes en Afrique, en Amérique du Sud et au Moyen-Orient, et d'avoir aidé Mouammar Kadhafi ou Charles Taylor.