Belgique : l’euthanasie bientôt possible pour les mineurs ?

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avec AFP , modifié à
DÉBAT - L’euthanasie des adultes est déjà légale en Belgique. Elle pourrait y être étendue aux mineurs.

L’INFO. En Belgique aussi, on débat de l’euthanasie. Mais contrairement à la France, la question n’est pas de savoir s’il faut l’autoriser, mais s’il faut l’étendre aux mineurs atteints d’une maladie incurable. Mercredi, la commission  de Justice et des Affaires sociales du Sénat a ouvert la voie en votant ce texte débattu depuis des mois et dans un climat serein.

Que propose le texte ? L’initiateur du texte, le sénateur socialiste Philippe Mahoux, explique avoir voulu répondre au "drame" vécu par les enfants présentant "des souffrances qu’on ne peut soulager".

L’idée n’est pas nouvelle : aux Pays-Bas, l’euthanasie des mineurs est autorisée depuis 1998 pour les enfants de plus de 12 ans, dans des circonstances bien spécifiques.

Quel est le cadre légal envisagé ? En Belgique, le mineur demandant à mourir doit être "capable de discernement, atteint d’une maladie incurable et d’une souffrance physique inapaisable". Aucune limite d’âge n’est prévue, mais l’accord des parents est obligatoire, indique La Vie. La portée de la loi serait limitée à une dizaine de cas par an dans le pays, une estimation qui découle des témoignages des médecins et des infirmières. Ceux-ci affirment en effet que des substances létales sont déjà administrées illégalement à des patients mineurs.

Qu’en pensent les Belges ? D’après un sondage publié en octobre dans La Libre Belgique, 75% des Belges sont favorables à l’autorisation de l’euthanasie pour les mineurs. Mais dans la classe politique, la proposition socialiste ne fait pas l’unanimité. Pour le sénateur CDH (Centre démocrate humaniste, centriste) Francis Delpérée, la proposition représente "un poids psychologique, humain et familial considérable, alors qu’il [le patient] devrait bénéficier de sérénité". Des responsables religieux catholiques, protestants, musulmans, orthodoxes et juifs ont de leur côté signé un appel contre ce texte. "Proposer que des mineurs puissent décider de leur propre euthanasie est une manière de fausser leur faculté de jugement et dès lors leur liberté", ont-ils écrit. Ils s’inquiètent aussi de la "banalisation" de l’euthanasie, un mois après qu’un Flamand de 44 ans a obtenu le droit de mourir car son opération de changement de sexe était un échec.

Une telle proposition est-elle envisageable en France ? Côté français, on est encore loin d’une telle loi. Une réflexion sur la fin de vie a été confiée au Comité consultatif national d’éthique, qui notait en juillet, à titre de comparaison, que la loi sur l’euthanasie était un principe "bien ancré et admis par une majorité de Belges". Dans le quotidien Le Soir, l’éditorialiste Béatrice Delvaux note qu’en Belgique, "les questions éthiques échappent à l’affrontement particratique". Et tacle au passage le voisin français, coutumier des "affrontements meurtriers sur ces thèmes".