Basma Belaïd : "Ennahda a deux visages"

Besma Belaïd, l’épouse de l’opposant tunisien assassiné début février reprend le flambeau de son mari.
Besma Belaïd, l’épouse de l’opposant tunisien assassiné début février reprend le flambeau de son mari.
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Frédéric Frangeul , modifié à
INTERVIEW E1 - L’épouse de l’opposant tunisien assassiné début février reprend le flambeau.

La vérité sur la mort de Chokri Belaïd ? Un militant salafiste a été arrêté en Tunisie, a-t-on appris lundi, dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd, le 6 février dernier. Un suspect présenté comme le tueur présumé. Mais la veuve de la victime, Basma Belaïd, invitée d'Europe 1 mardi, exige plus des autorités tunisiennes. "Je demande clairement qu'on pousse en avant les enquêtes. C'est beau de savoir qui a exécuté. Mais il faut savoir qui a ordonné", a-t-elle estimé. "Nous voulons savoir qui a commandé cet assassinat. C’est un crime très organisé", a-t-elle ajouté.

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Les deux visages d’Ennahda. Pour Basma Belaïd, "la responsabilité politique d'Ennahda [le parti au pouvoir en Tunisie, NDLR] est impliquée", dans la mort de son mari. "La moindre des choses, c'est d'assurer la sécurité des citoyens, ce qui n'a pas été fait", déplore-t-elle. "Des listes noires circulent, tous les journalistes en Tunisie l'affirment". "Ennahda a deux visages. Tantôt, on voit les salafistes. Tantôt, on voit les Ligues de protection de la révolution", a fait savoir Basma Belaïd. Pour elle, il y a actuellement "une volonté d'islamiser la société tunisienne".

Les suspects arrêtés lundi seraient liés à la Ligue de protection de la révolution. "Ces milices se donnent le nom de Ligue pour la protection de la révolution, mais Chokri Belaïd a toujours dit qu'elles n'avaient aucun lien avec une protection de la révolution", a jugé Basma Belaïd. "La société civile a toujours demandé depuis des mois leur dissolution. Elles sont protégées par le système, par Ennahda. Je demande immédiatement la dissolution de ce corps étranger à la société et à la révolution !"

Un message pacifique. Au-delà de ces accusations politiques, Basma Belaïd, a aussi réitéré mardi sur Europe 1 son appel à la non-violence. "J'ai subi la violence. La société tunisienne subit encore la violence. Donc, j'appelle à la non-violence et j'appelle à ce qu'on soit vigilant par rapport à ce qui se passe en Tunisie", a-t-elle demandé sur Europe 1.

Et la succession de son mari ? Interrogée sur le rôle qu’elle entend prendre sur la scène politique tunisienne après la disparition de son mari, Basma Belaïd s'est dite prête à reprendre le flambeau de son mari. "Je suis sur la route", a-t-elle assuré, avant de demander "des dates précises pour des élections démocratiques en Tunisie".