Aubenas : Didier François est un "journaliste de plain-pied"

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INTERVIEW E1 - Cela fait deux mois, jour pour jour, que Didier François et Édouard Elias, deux journalistes d’Europe 1, ont été enlevés quelque part en Syrie. Depuis, nous sommes sans nouvelles d’eux.

Florence Aubenas, présidente de leur comité de soutien, est revenue sur les conditions de leur enlèvement : "on n'en sait pas grand-chose à vrai dire. C'est vrai que le contexte syrien n'aide pas à faire la lumière sur ce qui a pu se passer. On sait qu'ils sont entrés en Syrie par la Turquie, par le nord du pays, tenu par les rebelles. Ils ont été arrêtés à un barrage par des hommes masqués, cagoulés. Leur fixeur et leur chauffeur ont été relâchés et Edouard et Didier ont disparu. On n'en sait pas plus", a affirmé mardi Florence Aubenas sur Europe 1. "La Syrie a ceci de particulier que les deux parties -la rébellion et le régime- sont susceptibles d'enlever des gens", a ajouté la journaliste du quotidien Le Monde.

"C'est presque un frère". Florence Aubenas connaît bien Didier François pour avoir travaillé ensemble à Libération. "Notre travail c'est d'être sur le front. Et s'il fallait désigner quelqu'un d'entre nous en France qui fait ça, c'est Didier. Il avait monté tout le bureau de Libération à Bagdad. J'ai pris sa relève. En arrivant là, il y avait tout le matériel de Didier. C'était presque sa petite chambre d'étudiant. Il y avait ses films de karaté. Tout son petit univers", a raconté Florence Aubenas.

Lors de la prise en otage de Florence Aubenas en 2005 en Irak, Didier François s'était battu pour obtenir sa libération. L'enlèvement de Florence Aubenas, Didier François "en a été extrêmement meurtri". "Il s'est dit : 'elle est partie après moi'. Je pense qu'il a beaucoup culpabilisé. Il s'est démené. Ça a été un saint. Il a passé plusieurs mois en Jordanie pour essayer de faire des tractations, ensuite en Syrie. Il a vraiment beaucoup travaillé. Je savais qu'il faisait ça. Didier c'est presque un frère", a-t-elle témoigné mardi sur Europe 1. "Il détesterait qu'on parle de lui comme victime. Il aimerait qu'on parle de lui comme journaliste. Il est là pour informer et pas parce que c'est une pauvre victime des terroristes. C'est un journaliste de plain-pied", a affirmé Florence Aubenas.

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