Au Japon, les mafieux ont leur magazine

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avec AFP
ZOOM - Les yakuza peuvent y lire un édito de leur "patron", mais aussi de la poésie.

L’INFO. C’est un peu comme si on pouvait lire Mafia Hebdo ou Les nouvelles de la Cosa Nostra en Italie. Au Japon, les yakuza membres du clan mafieux Yamaguchi, l'un des clans les plus puissants de la pègre locale, ont désormais leur propre publication, "La gazette du clan Yamaguchi". Les lecteurs de ce magazine un peu particulier, évidemment introuvable en kiosques, peuvent même y trouver un édito signé de la main du "boss" des Yamaguchi.

Poésie, jeux et "people". Dans sa tribune, Kenichi Shinoda, le "patron" des yakuza, rappelle aux jeunes générations les valeurs et la discipline qui ont fait la force du syndicat du crime japonais pendant des années. En véritable chef d’entreprise, il exhorte aussi la mafia à ne pas se reposer sur ses lauriers, ni sur sa "marque" si elle veut prospérer. Mais le sommaire de "La gazette du clan Yamaguchi" comprend aussi des rubriques plus traditionnelles, comme une page de jeux, avec des problèmes de Go, sorte de jeu de dames à la sauce japonaise, ainsi qu’une chronique poésie avec des "haiku", les poèmes japonais traditionnels. Les amateurs de potins y trouvent aussi leur compte, grâce à la rubrique "people", qui relate par exemple la dernière partie de pêche des hauts dirigeants du clan.

Pas d’abonnement. Près de 28.000 membres du clan ont reçu le premier numéro de "La gazette", qui fait huit pages. Pas question de le trouver en kiosque, ni de s’y abonner, bien entendu. Et les médias japonais ne savent pas exactement quand est sorti ce premier numéro, puisqu’aucune campagne de publicité n’a été organisée. La périodicité du magazine n’est pas précisée, mais le deuxième numéro pourrait sortir "d’ici quelques mois", croient savoir les médias japonais.

Motiver les troupes. Pourquoi sortir une telle publication maintenant ? Comme une entreprise qui utiliserait la communication interne pour motiver ses troupes, les "boss" de la mafia japonaise espèrent bien créer une plus grande cohésion au sein du clan, note le quotidien japonais Shankei Shimbun, cité par Metro. Car les temps sont durs pour les yakuza. Leurs organisations ne sont pas officiellement illégales dans l’archipel, mais les lois antimafia ont récemment été renforcées. Face à une police plus vigilante, les rangs de la pègre sont plus clairsemés, avec 7.000 yakuza en moins chaque année. Le seul clan Yamaguchi a ainsi perdu 3.300 membres en 2012. La banqueroute est toutefois encore loin : l’année dernière, les Yamaguchi représentaient encore 40% du crime organisé au Japon.