Attentat suicide dans un aéroport de Moscou

Domedovo, à une quarantaine de km au sud-est du centre de Moscou, est l'un des grands aéroports de la capitale russe.
Domedovo, à une quarantaine de km au sud-est du centre de Moscou, est l'un des grands aéroports de la capitale russe. © Reuters
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avec agences , modifié à
L'attaque terroriste a fait 35 morts. Le président Medvedev a dit vouloir "liquider" les responsables.

Au moins 35 personnes sont mortes et plus de 150 autres ont été blessées, dans un attentat à la bombe, survenu lundi à l'aéroport de Moscou-Domodedovo. L'explosion s'est produite à 16h32 (13h32 GMT), dans le hall d'arrivée de l'aéroport, plus précisément "dans la zone de livraison des bagages du terminal des arrivées des vols internationaux", a précisé un enquêteur.

8 victimes étrangères

Parmi les victimes, une liste préliminaire publiée mardi par le ministère russe des Situations d'urgence fait mention de huit étrangers tués, dont cinq Européens. Les Européens seraient deux Britanniques nés en 1971 et 1972, un Allemand né en 1976, un Bulgare de 40-45 ans et une Ukrainienne née en 1981. Les trois autres seraient originaires d'Asie centrale : un Ouzbek né en 1965, un Tadjik né en 1963 et un Kirghiz né en 1987. Le ministère britannique des Affaires étrangères a confirmé la mort d'un Britannique et a ajouté vérifier des informations selon lesquelles un second ressortissant aurait également été tué.

Parmi les blessés hospitalisés figureraient des Français, des Italiens et des Allemands.

L'explosion est un "attentat terroriste", a annoncé le porte-parole du comité d'enquête. "Le kamikaze s'est fait exploser alors qu'il se trouvait parmi la foule qui attendait les voyageurs", a indiqué une source policière citée par l'agence Ria Novosti. La bombe était d'une puissance équivalant à 5 kg de TNT et remplie de fragments de métal.

Un homme kamikaze

Contrairement à ce qui avait été annoncé dans un premier temps, l'auteur présumé de l'attentat serait un homme, âgé entre 30 et 40 ans, et de type européen. Lundi, les enquêteurs faisaient état d'un homme de type arabe âgé de 30 à 35 ans. Et mardi matin, une source policière avait indiqué que le kamikaze était en fait une femme, accompagnée d'un complice.

"L'explosion a eu lieu au moment où la présumée terroriste a ouvert son sac", a précisé cette source avant d'indiquer qu'"il n'est pas exclu que les terroristes aient eu l'intention de laisser l'engin explosif dans la salle, et que l'explosion ait eu lieu de manière accidentelle". Autre possibilité : la bombe "a été déclenchée à distance, bien qu'aucun élément ne permette pour l'instant d'étayer cette version".

Trois personnes soupçonnées d'être impliquées dans l'attentat sont actuellement recherchées, selon une autre source policière à Interfax. Et le président russe Dmitri Medvedev, qui a ajourné son déplacement prévu mardi au Forum économique mondial de Davos, a promis, sur son compte Twitter, de "traquer" et de "punir" les organisateurs de l'attaque. Mardi, il a assuré que les responsables de l'attentat doivent être "liquidés", estimant que le terrorisme restait "la menace la plus sérieuse" pour la Russie.

L'attaque n'a pas été revendiquée

L'attaque, qui rappelle le mode opératoire des insurgés islamistes du Nord-Caucase russe à majorité musulmane, n'a pas été revendiquée. Des dizaines d'internautes ont salué, en russe, le geste du kamikaze sur le site islamiste kavkazcenter.com.

Témoignages sur le web

Sur Internet, de nombreux témoignages vidéo ont été mis en ligne dès lundi. Sur les images, on pouvait voir, dans une atmosphère enfumée, des corps inertes qui jonchent le sol du hall d'arrivée de Domodevo. Et, au milieu de cris de panique, des brancards en pagaille qui se dirigent vers la sortie.

Après l'attentat, la police a été placée en état d'alerte, et le métro ainsi que les autres aéroports de la capitale russe ont été placés sous haute surveillance, dans les instants qui ont suivi l'attentat-suicide. "Je peux vous dire que même dans la ville, dans le métro, il y a plus de policiers que d'habitude", a témoigné au micro d'Europe 1 un habitant du centre de Moscou. "Tout le monde parle de cette explosion, mais il n'y a pas de panique", a-t-il encore assuré.

Moscou avait déjà été visée en mars 2010 par l'attentat le plus sanglant en six ans. Il s'agissait d'une double attaque suicide commise dans le métro par deux femmes kamikazes originaires du Daghestan, dans le Nord-Caucase, qui avait fait 40 morts. Situé à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Moscou, Domodedovo est le premier aéroport de Russie en termes de trafic devant celui de Cheremetievo.

Les avions qui se sont posés peu avant l'explosion venaient du Caire, de Tokyo, de Dusseldorf et de Londres.

La communauté internationale condamne

La communauté internationale a condamné l'attaque suicide survenue lundi, Otan en tête. Le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, s'est dit "choqué", et a assuré la Russie du soutien de l'Otan dans la lutte anti-terroriste. Berlin a condamné un acte "barbare", "que rien ne justifie". La Bulgarie s'est jointe à ce concert de condamnations : "il n'y a pas de cause qui justifie le meurtre de citoyens innocents", a affirmé un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Nicolas Sarkozy est également monté au créneau pour dénoncer un attentat "odieux". Un peu plus tard, le président américain Barack Obama a "condamné fermement" l'attentat, évoquant un acte "révoltant", a déclaré son porte-parole Robert Gibbs. Le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, s'est dit aussi "scandalisé", appelant, dans un communiqué, à poursuivre et "punir" les auteurs de cet attaque.