Attaque chimique en Syrie : "on a dû en laisser mourir"

L'opposition syrienne a affirmé mercredi que le régime avait tué 1.300 personnes dans une attaque chimique près de Damas mais la Russie, allié de Bachar al-Assad l'a accusée d'avoir monté une provocation.
L'opposition syrienne a affirmé mercredi que le régime avait tué 1.300 personnes dans une attaque chimique près de Damas mais la Russie, allié de Bachar al-Assad l'a accusée d'avoir monté une provocation. © REUTERS
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avec Walid Berrissoul. , modifié à
TEMOIGNAGE E1 - Un médecin syrien raconte l'horreur au lendemain d'une attaque chimique.

La première chose que Abou Ali raconte, c'est la panique. Celle des patients pris de spasmes, en train de mourir d'asphyxie. Ce médecin syrien a soigné plus de cent personnes dans un hôpital de fortune dans la banlieue de Damas, mercredi. Selon l'opposition syrienne, l'armée, fidèle à Bachar al Assad, aurait mené une attaque chimique sur le quartier de Douma, au nord-est de la capitale.

Les victimes les moins touchées lui ont raconté avoir été réveillées par des explosions puis avoir senti des odeurs bizarres. La moitié des cent-trente patients qu'il a reçu n'ont pas survécu. "La plupart étaient des femmes et des enfants. Ils sont arrivés en pyjamas. Ils étaient tous en train de suffoquer", explique le médecin sur Europe 1. "On n'arrivait pas à leur enlever leurs vêtements, ils étaient incontrôlables", poursuit-il.

"Le plus dur, ça a été de faire le tri. J'ai vu les yeux d'un enfant demandant de l'aide à un médecin, mais il ne pouvait plus rien pour lui", raconte Abou Ali. "Il y avait des cas tellement graves. Pour essayer de sauver les autres, il y en a que nous avons dû laisser mourir", confie-t-il.

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Le pire, pour ce médecin, c'est l'habitude des gaz toxiques. Abu Ali confie avoir vu, ces dernières semaines, d'autres patients souffrant des mêmes symptômes, mais jamais il en a vu mourir autant sous ses yeux. Dans son hôpital, six de ses collègues ne peuvent plus l'aider, ils sont eux aussi dans un état grave, contaminés en essayant d'accueillir les victimes.