Arabie Saoudite : les athées considérés comme "potentiels terroristes"

Mohamed Bin Nayef, le ministre de l'Intérieur en charge d'appliquer la nouvelle loi.
Mohamed Bin Nayef, le ministre de l'Intérieur en charge d'appliquer la nouvelle loi. © Maxppp
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LÉGISLATION - Les athées, les manifestants pacifiques et les citoyens de retour de l’étranger sont sous le coup de la nouvelle loi anti-terrorisme du royaume.

Criminalisation de la pensée. Si le Patriot Act américain, mis en place par George W. Bush en 2001 avait sucité de vives critiques quant au respect des libertés individuelles, la nouvelle loi  anti-terrorisme promulgué en Arabie Saoudite n’est pas en reste. Dans le royaume historiquement allié des Etats-Unis, sont passibles d’accusations de terrorisme les athées, les manifestants pacifiques et les voyageurs qui reviennent de l’étranger. Bref, toute personne qui pourrait "troubler l’ordre public" selon le roi. Une innovation législative que n’a pas vraiment goûté Human Rights Watch, rapporte The Independent. Dans son rapport, l’ONG dénonce "un cadre juridique qui criminalise quasiment toute pensée ou expression dissidentes en les qualifiant de terrorisme".

A l’est, rien de nouveau. Rien de nouveau finalement, puisque comme le rappelle le site Réalités, "l’apostasie était déjà passible de la peine de mort" et largement utilisée pour réprimer toute forme de contestation dans l’opinion publique. Le cas de Raef Badaoui illustre parfaitement cette logique, comme l’explique le site du HuffPost Maghreb. Cet intellectuel saoudien animait un site libéral où il revendiquait pratiquer l’islam tout en demandant que les religieux relâchent leur emprise morale et politique sur le pays. D’abord condamné à 7 ans de prison pour avoir violé la loi sur la cyber-criminalité, il a ensuite été accusé d’apostasie, crime passible de la peine de mort en Arabie Saoudite.

Théocratie ou ploutocratie, les conséquences sont les mêmes. L’intolérance vis-à-vis des opinions exprimées dans la société civile n’est pas l’apanage des régimes religieux. Dans son numéro 3, la Revue Dessinée rappelle que le gouvernement canadien mené par Stephen Harper a instauré une loi qui limite le financement et les pouvoirs des associations de défense de l’environnement. Et pour cause, elle considère que ces mouvements pourraient représenter une menace pour la sécurité du pays. Et particulièrement des exploitations de pétrole issu des sables bitumineux, particulièrement lucratifs et polluants.   

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