Anonymous, Lulzsec : qui sont-ils ?

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Morgane Tual avec AFP , modifié à
Les autorités ont arrêté plusieurs membres de ces groupes de hackers, qui comptent bien répliquer.

16 personnes arrêtées mardi aux Etats-Unis, 5 en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas… Les groupes de pirates informatiques Anonymous et Lulzsec inquiètent les autorités, qui les prennent de plus en plus au sérieux depuis décembre dernier. Les Anonymous avaient alors rendu inopérant le site de Paypal, parce qu’il avait fermé le compte permettant de faire des dons à Wikileaks.

Le groupe Lulzsec s’était quant à lui fait connaître en attaquant des sites de Sony et de Nintendo, mais aussi du FBI et de la CIA avant de pirater, cette semaine, des sites appartenant au groupe de Rupert Murdoch.

Dans le même temps, Anonymous affirmait avoir piraté l’OTAN et détenir de nombreux documents concernant l’organisation. Europe1.fr dresse leur portrait.

Dans un communiqué commun adressé vendredi au FBI via Twitter, Anonymous et Lulzsec ne se sont nullement montrés impressionnés par ces arrestations : "Nous n’avons plus peur. Vos menaces d’arrestation ne veulent rien dire pour nous, car vous ne pouvez pas arrêter une idée". Les hackers ont également promis qu’ils continueraient leur action.

Qui sont-ils ?

Les deux groupes sont constitués d’un réseau mouvant et difficilement identifiable de participants qui, pour la plupart, ne se connaissent pas entre eux et utilisent des pseudonymes pour échanger. "Nous sommes Anonymous, nous sommes partout, nous sommes tout le monde, nous sommes vos amis et votre famille, vos professeurs et vos employés. Nous sommes toujours plus nombreux" affirme un Anonymous français, dans une vidéo de présentation :

 

Difficile d’établir un profil type des membres de ces groupes. On peut simplement dire que parmi les personnes arrêtées aux Etats-Unis mardi, la plupart étaient des hommes âgés de 20 à 42 ans.

Les deux groupes se distinguent notamment par leur ton très différent. Là où Lulzsec joue la carte de l’humour, sur son site et son compte Twitter, Anonymous s’exprime de façon plus impérieuse, avec des revendications politiques très larges. Selon Eric Filiol, chercheur spécialisé sur le hacking à l’ESIEA, contacté par Europe1.fr, "Lulzsec est constitué plutôt de hackers durs. Anonymous en comprend aussi, mais pas seulement."

Que veulent-ils ?

Malgré sa légèreté affichée, LulzSec a décidé de s’allier à Anonymous pour contrer les organisations, étatiques ou privées, portant atteinte à la liberté d’expression, notamment sur le web. "Nous luttons tous pour un seul but : nous libérer d’une société qui cherche à contrôler ce que nous pensons et ressentons. Nous devons lutter pour notre droit de parole et de pensée " explique Anonymous dans la vidéo ci-dessus.

Pour Eric Filiol, "ce sont des activistes qui défendent certaines valeurs fondamentales comme la liberté de l’individu, de penser, de l’information. En général ils ne font rien de malhonnête, le vol de cartes bleues, ce n’est pas leur truc. Toutes proportions gardées, ils sont dans une certaine forme de résistance vis-à-vis d’un ordre établi qu’ils acceptent de moins en moins ".

Qui sont leurs cibles ?

C’est donc logiquement qu’Anonymous a répliqué aux tentatives de nuire à Wikileaks, en attaquant Paypal, mais aussi VISA et MasterCard.

Plus généralement, Anonymous a menacé dans son dernier communiqué "les gouvernements qui mentent à leurs citoyens et suscitent peur et terreur pour les garder sous contrôle en démantelant leurs libertés pièce par pièce ; les entreprises qui aident et conspirent avec ces gouvernements et en profitent en collectant des milliards de fonds pour des contrats fédéraux que nous les savons tous incapables de remplir", et les "conglomérats du lobbying".

Anonymous et Lulzsec s’en sont pris à des gouvernements, en attaquant par exemple le site du Sénat américain ou celui de la CIA. Ils ont également été actifs lors des manifestations en Iran, en Turquie et en Egypte, en piratant les sites officiels des dictatures et en donnant des outils aux opposants pour diffuser sans risque des informations sur la toile.

Les groupes s’en prennent aussi régulièrement à de grandes entreprises, de télévision ou de jeux vidéos à l’image de Sony, qui avait annoncé vouloir se débarrasser des pirates de sa Playstation 3.

Aujourd’hui, Anonymous s’en prend à l’OTAN, dont il détiendrait un gigaoctet de documents. Reste à savoir s’il les publiera…