Vers des transports de plus en plus verts ?

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Jérémy Maccaud , modifié à
ÉCOLOGIE – Les technologies hybrides et 100 % électriques ne touchent pas que l’automobile. Elles ont aussi un rôle à jouer pour tous les autres types de déplacement.

Non, il n’y a pas que la voiture particulière qui est concernée par l’émergence des technologies alternatives. Tous les autres modes de déplacement doivent composer avec les mêmes problématiques environnementales et économiques qui touchent l'automobile de M. Tout-le-monde.

Sur et sous terre

Quand les transports en commun doivent se remettre en question. L’expansion constante de la mobilité collective dans les grandes villes françaises a permis de convaincre de plus en plus d’usagers d’emprunter les transports en commun. L’Insee estime que leur fréquentation a augmenté de 24 % entre 1994 et 2008. Une statistique encourageante, même si bien des progrès doivent être réalisés.

Les bus responsables de 5% des émissions de polluants du trafic routier à Paris. Quotidiennement dans la capitale et sa banlieue, la RATP fait circuler 4.500 autobus. Plusieurs centaines de fois par jour, ces derniers ne cessent de s’arrêter puis de redémarrer en fonction de la circulation et des stations à desservir. Leurs moteurs tournent en permanence.

Problème : ce parc roule à la quasi-majorité au diesel, qui relâche un peu moins de CO2 que l’essence mais un taux bien supérieur de particules fines (PM10 et inférieures). A bord, les usagers respirent tout autant de substances nocives que leurs homologues automobilistes.

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© RATP / Bruno Marguerite

Fini le gazole, place à l’hybride. Consciente du problème, la RATP ne commande plus d’autocars au diesel. Depuis décembre 2013, une trentaine de bus hybrides ont intégré le réseau francilien, un parc qui doit encore augmenter d’une quinzaine de véhicules d’ici juin. Plus chers à l’achat à hauteur de 40%, ils présentent un bon nombre d’avantages.

"L’expérimentation menée depuis 2012 permet de réduire la consommation de carburant de l’ordre de 20 à 25%, notre dépendance énergétique, les nuisances sonores et les vibrations dans l’enceinte du véhicule", énumère-t-on du côté de la RATP. "Cela prépare, pour finir, la transition vers le tout électrique." Car d’ici à 2025, l’entreprise veut basculer vers une flotte "100% verte".

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© Reuters

Et le métro ? Entre l’air pollué qui s’engouffre dans les stations souterraines et les forts frottements produits par les trains qui freinent, les utilisateurs sont aussi fortement exposés aux particules fines. Moderniser les rames, en généralisant le freinage électrique, permet de lutter contre ce phénomène. "Un nouveau matériel émet en moyenne 30% de particules en moins par rapport à celui qu’il remplace", indique l’entreprise francilienne. Par ailleurs, 95 millions d’euros sont investis depuis 2004 pour améliorer les systèmes de ventilations dans les tunnels parisiens.

En l’air

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© EIVI

Voler grâce à l’électricité. En plus de la voiture basse consommation, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, espère voir un jour un avion 100 % électrique made in France produit en série. Un projet inscrit dans les 34 plans pour le redressement industriel de notre pays. Le prototype, nommé "E-Fan", prend la forme d’un biplace qui pourrait servir aux écoles de pilotage. Malgré d’imposantes batteries, ce petit coucou pourrait voler plus d’une heure par recharge. Développer par l’Aero Composites Saintonge (ACS), une PME charentaise, et soutenu par EADS, le projet pourrait être commercialisé d’ici 3 à 5 ans.

Décoller grâce à l’hybride. Il est pour l’heure totalement fantaisiste d’imaginer des vols commerciaux réalisés uniquement grâce à l’électricité. En revanche, à l’avenir, les techniques d’hybridation pourraient permettre aux avions de décoller et atterrir grâce à la puissance électrique. Un enjeu de taille, car ce sont lors de ces deux phases que les avions consomment et polluent le plus.

Sur l’eau 

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© Marie Czamanski

Les transports maritimes peuvent aussi profiter des technologies propres. Si des petites balades sur bateaux solaires sont déjà proposées depuis quelques années ici et là, de nouvelles idées ne cessent de voir le jour. En octobre 2013, Nice a même accueilli le premier congrès mondial consacré aux bateaux électriques et hybrides. Parmi les innovations remarquables, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) a présenté un voilier "Zéro CO2" équipé de batteries au lithium lui conférant 3 heures d’autonomie, mais aussi d’une pile à combustible marchant à l’hydrogène capable de fournir 30 heures supplémentaires !

Autre grande curiosité, le projet B@tolib. Présenté par l’entreprise Glisselec, ce système pourrait proposer des bateaux électriques à la location et en libre-service, exactement à la manière de ce qui est en train de se démocratiser avec les voitures dans les grandes villes françaises. Pour les recharger ? Il suffira de les relier à une borne sur un ponton spécifique, elle-même alimentée par un grand panneau solaire.

Dans les rues, sous terre, en l’air et sur l’eau, les technologies alternatives n’ont pas fini de surprendre.

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