Pub : Free bride-t-il votre liberté ?

Xavier Niel, patron de Free.
Xavier Niel, patron de Free. © REUTERS
  • Copié
Johann Mise , modifié à
ZOOM - Les internautes se sont enflammés après le blocage des publicités par Free. À raison ?

• La décision de Free. Le fournisseur d'accès à internet Free vient d'ajouter une fonctionnalité bloquant les publicités sur sa Freebox. Cela signifie que sur tout appareil connecté à la Freebox (ordinateur, tablette, smartphones), les publicités n'apparaîtront pas ou peu.

• Les deux pommes de discorde :

>> Une menace économique. Une grande majorité des sites d'informations tirent leurs revenus de la publicité en ligne. Si on coupe la publicité depuis la Box, un site ne peut plus rentrer dans ses coûts et à terme on se dirige vers l'émergence de contenus payants partout. Et le dépôt de bilan pour de nombreux portails.

>> Une option par défaut. L'autre débat intervient à propos du choix de Free d'"imposer" cette option : activée par défaut, elle oblige les internautes à se rendre dans l'interface de leur Freebox pour la désactiver. Certains regrettent par ailleurs l'impossibilité de configurer ce blocage, pour le transformer en filtrage : plusieurs navigateurs proposent déjà des bloqueurs de publicités, qu'il est possible de personnaliser.

• Votre liberté est-elle en jeu ? La "Neutralité du Net". C'est une expression que l'on entend un peu partout autour de ce débat. Il s'agit d'un principe qui assure l'égalité de traitement de tous les contenus sur le Web. Concrètement, c'est basé sur la liberté de l'internaute de choisir ce qu'il consulte. En "imposant" le blocage des publicités, Free ne laisse pas le choix à l'internaute d'afficher ou non un type de contenu, même si la publicité est le plus souvent considérée comme intrusive.

• Et au fait, c'est légal ? En théorie, Free fournissant le contenu (via sa Freebox) peut avoir un contrôle sur celui-ci. C'est d'ailleurs ce qu'il fait en bridant le site de vidéos YouTube le soir aux heures de pointes. En pratique, cela pourrait poser un réel problème de liberté, encore une fois en raison de l'aspect imposé de la fonctionnalité. "Il y a un véritable vide juridique. Mais Free ne risque rien a priori, au pire un avertissement de l'ARCEP", assure Marc Lempérière, avocat spécialisé en droit des nouvelles technologies. Surtout, Free pourrait être poursuivi pour ne pas avoir communiqué ce changement dans les contenus apportés via la Freebox.