Free Mobile : 4,4 millions d'abonnés et après ?

Xavier Niel lors du lancement de Free Mobile en janvier dernier.
Xavier Niel lors du lancement de Free Mobile en janvier dernier. © MAX PPP
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Johann Mise , modifié à
ANALYSE - Après des résultats globalement positifs, l'opérateur mobile peut-il définitivement transformer l'essai ?

Les faits. Lancé en fanfare en janvier dernier, Free Mobile vient d'annoncer 4,4 millions d'abonnés sur les neuf premiers mois de l'année, soit une part de marché de 6,4% en septembre. Mais le quatrième opérateur ne détaille pas le profil de ses abonnés : combien sont déjà abonnés à l'offre ADSL ? Combien étaient souscrit à l'offre à 0€ mensuels ? Combien ont opté pour le forfait phare à 19,99 euros par mois ? Éléments de réponse.

Les résultats. Ils sont impressionnants : 4,4 millions d'abonnés en moins d'un an sur une offre partie de rien. D'autant que la progression continue, avec 805.000 nouveaux inscrits sur le troisième trimestre. "Le chiffre est inférieur aux 900.000 clients conquis au trimestre précédent, mais en tenant compte de la période des vacances, cela ne représente pas un ralentissement", analyse le cabinet JP Morgan Cazenove.

Le problème. Les chiffres de Free Mobile ne sont pas détaillés. Il y a deux offres majeures : un abonnement à 2 euros par mois (1 heure d'appel + 200 SMS) et un autre à 19,99 euros par mois (SMS, MMS et Appels illimités, 3 Go de data). Mais les abonnés Free ADSL profitent d'une réduction de 4 euros sur ce dernier forfait, l'offre à 2 euros étant gratuite pour eux. Or Free Mobile ne communique pas sur la répartition de ces 4,4 millions d'abonnés. Il est juste question de "part équilibrée" dans le communiqué de l'opérateur. Difficile d'imaginer un véritable 50/50 : l'offre gratuite a attiré de nombreux abonnés ADSL qui ne se sont pas désinscrits sans pour autant utiliser le forfait.

Les objectifs. Ils ont été annoncés par le PDG Xavier Niel : à moyen terme, Free Mobile vise les 15% de parts de marché. Une marche particulièrement haute si on prend en compte la progression sur les trois trimestres précédents. Dans l'optique d'une progression constante, peu réaliste, ce chiffre pourrait être atteint début 2014. On n'est déjà plus dans le moyen terme.

La concurrence. Cible principale de Free Mobile, elle a su réagir en multipliant les annonces ces derniers mois. Résultat : B&You propose le même forfait, en y ajoutant de nombreuses destinations à l'étranger et l'accès au réseau H+ (haut débit mobile), toujours à 19,99 euros par mois. SFR a une offre moins claire : RED s'est aligné très exactement sur l'offre à 19,99 euros par mois tandis que Joe Mobile (nouvelle gamme low-cost) mise sur deux forfaits (10€ et 20€) ajustables selon la consommation. Enfin Sosh (Orange) est également quasiment au niveau : une offre à 19,90 euros par mois identique (excepté la data limitée à 2 Go contre 3 Go chez Free Mobile) et une autre à 24,90 euros mensuels avec 3 Go de data mais compatible avec le réseau H+.

Les enjeux. Free Mobile va devoir accélérer le déploiement de son réseau pour ne pas rester dépendant de son partenariat avec Orange pour les zones non couvertes par ses propres antennes. On peut imaginer une mise à jour de ses forfaits dans les mois à venir, même si l'opérateur n'a rien laissé entendre sur ce point. L'effort doit également se porter sur le catalogue de mobiles, encore trop pauvre.

L'hypothèse. Et si Free Mobile fusionnait avec un autre opérateur ? Les rumeurs se sont intensifiées ces dernières semaines : après Numéricable, SFR a été avancé comme une cible potentielle de l'entreprise de Xavier Niel. Ce dernier a souvent admis qu'il ne pouvait y avoir quatre grands opérateurs sur le marché hexagonal à long terme. Réponse dans les mois à venir ?