Vague de suicides chez Areva

Une vague de suicides touche l'usine de retraitement des déchets nucléaires d'Areva à la Hague-Beaumont. 5 salariés sont morts depuis 1 an.
Une vague de suicides touche l'usine de retraitement des déchets nucléaires d'Areva à la Hague-Beaumont. 5 salariés sont morts depuis 1 an. © MAXPPP
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avec François Coulon , modifié à
En un an, 5 salariés à Beaumont-La Hague se sont suicidés. Deux sont morts rien qu'en février.

C’est une triste série qui touche l'usine de retraitement de déchets nucléaires Areva à Beaumont-Hague, dans la Manche. Depuis un an, cinq salariés se sont suicidés, dont deux rien qu’en février. D’après les informations recueillies par Europe 1, un troisième employé se trouve actuellement dans le coma, après une tentative de suicide il y a quelques semaines.

Tous ont mis fin ou voulu mettre fin à leurs jours en dehors du site pour "des facteurs personnels", a assuré Christophe Neugnot, directeur de la communication de l'usine.

"Une pression accrue sur les salariés"

Areva a toutefois décidé de mettre en place "un plan d'action, car les suicides sont des actes graves multifactoriels", a indiqué Christophe Neugnot avant de préciser qu’une "écoute spécifique" a été mise en place par les membres du service médical sur le terrain. Concrètement, il s’agit de proposer à ceux qui le souhaitent des rencontres avec les médecins et psychologues de l'entreprise.

Côté syndicats, on insiste sur l’impact d’un mouvement inédit, 46 restructurations en cinq ans. Bruno Blanchon, représentant de la CGT, évoque "une pression accrue sur les salariés" en termes de charge de travail et un grand mal-être des salariés.

"Des facteurs personnels pour la direction"

La direction affirme que "les premiers résultats d'une étude" confiée il y a plusieurs mois à un cabinet "montre que le niveau de stress est moins élevé à l'usine de la Hague que dans les autres entreprises étudiées par ce cabinet". L’enquête met en avant un faible turn-over et un "absentéisme normal".

Après le premier suicide, en mars 2010, le Comité hygiène et sécurité de l'usine avait réclamé une expertise "indépendante". Mais le juge des référés du tribunal de grande instance de Cherbourg avait donné raison au groupe nucléaire, qui a refusé cette demande. La cour d'appel de Caen doit examiner au printemps cette décision.