Vacances raccourcies: qu'en pensent-ils?

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Thomas Morel, avec Ariane Lavrilleux et Jean-Sébastien Soldaïni , modifié à
RÉACTIONS - Enseignants et élèves sont pour le moins mitigés après l'annonce de Vincent Peillon.

La phrase. Faut-il raccourcir les vacances d'été ? La question, qui revient régulièrement, a été une nouvelle fois posée dimanche soir par Vincent Peillon. Le ministre de l'Education nationale, interrogé sur BFM TV, s'est prononcé en faveur d'un système de zones pour les grandes vacances, qui seraient raccourcies.

Concrètement, de quoi s'agit-il ? Le ministre, qui a par la suite précisé à Europe 1 que rien ne serait débattu avant 2015, envisagerait de réduire de huit à six semaines les grandes vacances, en les répartissant en deux zones. Depuis, les réactions s'accumulent.

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• Une levée de boucliers côté enseignants. Même si, au micro d'Europe 1, le ministre a expliqué que la question ne serait pas posée avant 2015, les syndicats sont déjà vent debout, pour plusieurs raisons.
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Parce qu'une réforme est déjà en cours. "On est déjà sur un dossier sensible, pas abouti (la semaine de 4,5 jours, ndlr). Découvrir une nouvelle résolution par voie de presse, ce n'est pas respectueux pour les enseignants et les collectivités territoriales", s'emporte Sébastien Sihr, secrétaire général du syndicat des enseignants du primaire SNUipp. Selon lui, débattre en même temps de la semaine de quatre jours et demi et de la durée des vacances d'été entraînerait une confusion totale.

Parce que cela ferait trop de jours de classe. "Il faut la voir en fonction du nombre de jours de classe. Si on fait revenir les enfants le mercredi, on passera déjà de 144 à 180 jours d'école dans l'année. Si on décide en plus de réduire les vacances d'été, on dépassera la moyenne des Européens", estime Sébastien Sihr. Pourtant, neufs jours de classe supplémentaires ne feraient pas de la France le pays avec le plus de journées de cours : En Finlande, les élèves en ont 190 par an, tout comme au Royaume-Uni. Et en Allemagne, l'année scolaire dure selon les régions entre 188 et 208 jours.

Parce que, enfin, cela pose un problème d'organisation. Les enseignants s'inquiètent enfin des conséquences qu'aurait une réduction des vacances d'été sur l'organisation du baccalauréat. Comme le souligne Frédérique Rollet, secrétaire générale du SNES-FSU, syndicat des enseignants du secondaire : "Les enseignants qui font passer les oraux du bac sont déjà occupés jusqu'à la mi-juillet. Ils doivent encore préparer la rentrée suivante, mettre à jour les connaissances et ont besoin de temps pour se ressourcer."

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Et les élèves, qu'en pensent-ils ? "C'est horrible." Pour les élèves, premiers concernés par l'annonce de Vincent Peillon, il n'est pas question de réduire la durée des grandes vacances. Comme l'explique une étudiante lyonnaise, "on nous fait bosser 9 heures par jour, on a des devoirs en plus le soir quand on rentre et maintenant on veut nous raccourcir les vacances ? Mais c'est n'importe quoi ! Après on nous raccourcira les vacances de Noël, les vacances de février, et on terminera avec 5 semaines de congés, comme les adultes".

Les professionnels du tourisme favorables. Si enseignants comme élèves tombent à bras raccourcis sur le ministre, un groupe au moins y trouve son compte : les professionnels du tourisme. Dider Arino, président du cabinet Protourisme, trouve même l'idée "très positive" : " Quand on voit les vacances de février ou les vacances de Pâques, le zonage a permis une explosion de la fréquentation de ces périodes, et a permis de générer beaucoup plus d'emploi dans le secteurs du tourisme. Cela a donc été une bonne nouvelle à la fois pour les professionnels et pour les vacanciers, puisqu'en étalant les vacances, on aurait des tarifs plus abordables.