Vacances d'été : les zones, idée "sotte"?

Le ministre de l'Education Vincent Peillon a indiqué qu'il "n'écartait pas la possibilité" d'instaurer un zonage des vacances scolaires d'été.
Le ministre de l'Education Vincent Peillon a indiqué qu'il "n'écartait pas la possibilité" d'instaurer un zonage des vacances scolaires d'été.
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Le ministre de l’Éducation envisage d'étendre le "zonage" en été. Profs et familles s'inquiètent.

Les Lyonnais (zone A) partiront-ils en vacances d'été avant les Parisiens (zone C) ? L'hypothèse a été envisagée par Vincent Peillon mercredi. Le ministre de l'Education a en effet indiqué qu'il "n'écartait pas la possibilité" d'instaurer un zonage des vacances scolaires d'été. "J'examine avec sérieux et intérêt la proposition. En tout cas, elle n'est pas sotte", a-t-il précisé sur RMC/BFMTV.

Le "zonage académique" consiste à décaler le début des vacances en fonction des zones géographiques (A, B, C), comme c'est déjà le cas pour les vacances de février et de Pâques. Mais si l'idée ravit les professionnels du tourisme, parents d'élèves et enseignants sont plus circonspects. Voici les principaux motifs d'inquiétudes.

"Ne pas détricoter la vie familiale"

Le problème des familles éparpillées. "Je suis à 800 km de ma famille. C'est déjà compliqué pour se voir après Noël. Si en été, c'est pareil, on se verra une fois par an", s'inquiète par exemple  Valérie Koehl, sur la page Facebook d'Europe1.

"Les zones actuelles de vacances empêchent bien souvent les familles éclatées géographiquement de se retrouver. Alors de grâce, ne changez rien aux 'grandes vacances', et laissez donc les cousins, les oncles et tantes se retrouver quand ils le souhaitent en famille. Mais savez vous ce qu'est la famille, Mr le 'philosophe'", interpelle, de son côté, titedame13 sur le site d'Europe1, s'adressant à Vincent Peillon, agrégé de philosophie.

Une inquiétude relayée dès mercredi par les Associations de parents d'élèves. "Zoner risque de poser problème : comment vont faire ceux qui ont de la famille et des amis dans d'autre zones? Si l'industrie veut zoner, qu'ils aident à trouver des réponses aux problématiques. L'intérêt de l'enfant doit primer", prévient Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE, contacté par Europe1.fr.

"Il ne faut pas détricoter ce moment de vie familiale pour des motifs économiques", renchérit Sébastien Sihr, le secrétaire général du SNUipp, syndicat enseignants du 1er degré, interrogé par Europe1.fr.

Certains particuliers, toutefois, tempèrent, et voient du positif dans la proposition. "Si cela se limite à une semaine de décalage, ce n'est pas si bête, il reste quatre semaines communes entre toutes les zones, et si on peut soulager les habitants de la vallée du Rhône et ses traditionnels bouchons...", défend ainsi Sandrine Matichard sur Facebook.

"Pas augmenter les chances d'avoir des problèmes"

La "lourde" organisation du bac. "Se pose le problème des examens nationaux, tels que le bac, avec ses sujets uniques par matière pour toute la France. S'il le bac se passe toujours mi-juin, que va faire un élève qui n'aura ses vacances que mi-juillet?" s'interroge, quant à lui, lemilimsi sur Europe1.fr.

Une interrogation partagée par les enseignants. "Il y a tout le problème du baccalauréat. Comment va-t-il s'organiser? Il y a déjà des fuites aujourd'hui. Il ne faut pas augmenter les chances d'avoir des problèmes. Quand on voit la lourdeur de son organisation, il vaut mieux éviter de prendre des risques", avance Frédérique Rolet, secrétaire générale du syndicat d'enseignants du secondaire Snes.

Le risque d'écarter les autres "priorités". "Une de nos inquiétudes, c'est que le zonage fasse perdre de vue une réforme des rythmes scolaires plus globale. Les intérêts économiques ne doivent pas prendre le pas sur le bien être et l'apprentissage des enfants", prévient Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp, qui va lancer une consultation auprès des enseignants sur la question.

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"La question du zonage doit venir après", renchérit Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE. Et de poursuivre : "Il y a des priorités : faire en sorte que les enfants ne travaillent pas plus de sept semaines et disposent d'au moins deux semaines de vacances, limiter les heures de cours à cinq dans le primaires et six dans le secondaires, généraliser les 90 minutes de pauses… Jusqu'à aujourd'hui les intérêts de l'industrie du tourisme primaient. C'est au tour de ceux des enfants."

"Une bonne chose pour l'industrie touristique"

Triple avantage pour les pros du tourisme. Les industriels du tourisme sont pour leur part le fer de lance d'une telle organisation, n'y voyant là que du positif. "Le zonage permet d'allonger la durée globale des vacances, ce sera une bonne chose pour l'industrie touristique, qui verra augmenter la durée de la saison", explique Didier Arino, directeur du cabinet Protourisme.

"Il y a un million de salariés dans nos entreprises, plus 300.000 contrats saisonniers", met également en avant Roland Heguy, Président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie, au micro d'Europe1.

"Ce sera aussi une bonne chose pour le consommateur, car l'étalement devrait permettre une plus grande fluidité dans les zones touristiques. Et enfin pour l'environnement, puisque les embouteillages des jours de grands départs seront limités", ajoute Didier Arino.