Une société créée sur les ruines de PIP ?

Malgré ses ennuis judiciaires, Jean-Claude Mas n'a pas abandonné le monde des prothèses mammaires.
Malgré ses ennuis judiciaires, Jean-Claude Mas n'a pas abandonné le monde des prothèses mammaires. © Reuters
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Le fondateur de PIP apparaît dans l’organigramme d’une nouvelle société dirigée par ses enfants.

Malgré son âge, 70 ans, et le scandale sanitaire lié à son ancienne société, PIP, Jean-Claude Mas ne semble pas décidé à prendre sa retraite. Ni à quitter le secteur très lucratif des implants mammaires. L’homme apparaît en effet dans l’organigramme d’une nouvelle société, France Implant technologie (FIT), créée en juin, révèle Nice Matin vendredi.

"Créateur de génie"

Les statuts de FIT ont été déposés au nom de Nicolas Lucciardi, 27 ans, et Peggy Lucciardi, 24 ans, les enfants de Jean-Claude Mas. La société est par ailleurs domiciliée à Six-Fours-les-Plages chez la mère des deux jeunes gens, et l’ex-femme de l’ex-patron de PIP. Ce dernier est présenté dans le business plan de FIT comme "consultant technico-commercial". Il est aussi décrit dans ce document comme un "créateur de génie", nanti  de "30 ans d’expérience dans les prothèses mammaires", révèle Elle.fr, qui s’est procuré le document.

Tout semble fait pour faire revivre PIP, sous un nouveau nom. Deux anciens cadres de la société visée par 2.200 plaintes de femmes transplantées font ainsi partie de l’aventure FIT. Et la nouvelle entreprise compte bien faire revivre le site de sa devancière, située à la Seyne-sur-Mer, dans le Var. "A ce jour, nous disposons des locaux de production, du matériel de production et d’une implantation en zone franche", écrivent ainsi les fondateurs de FIT dans leur business plan. La société espère "vendre à très court terme plus de 60.000 implants par an", principalement à destination de l’Amérique du Sud.

"C’est plus que scandaleux"

Cette reprise d’activité de Jean-Claude Mas et de PIP fait grincer les dents des quelque 30.000 femmes ayant reçu les prothèses défectueuses car constitué de gel de silicone. "Cela confirme ce que l’on soupçonne depuis qu’il a déposé les statuts en juin : Jean-Claude Mas n’a pas baissé les bras, ne s’est pas mis au vert, et continue à préparer la suite, puisque rien ne l’en empêche", s’emporte Murielle Ajello, présidente du Mouvement de défense des femmes porteuses d’implants et de prothèses, dans Elle. "Il n’a pas été sanctionné par le tribunal de commerce ni mis en examen et peut continuer à fabriquer des prothèses, en utilisant ses enfants. C’est plus que scandaleux. Cet industriel continue ce qu’il a toujours fait, sans aucun état d’âme, et au mépris des milliers de femmes victimes de ses agissements", s’indigne-t-elle.

Reste à savoir si la justice permettra d’une part à FIT d’exercer, et d’autre part à Jean-Claude Mas d’en faire partie. Jeudi, la plainte contre X de l’assurance maladie pour "tromperie aggravée et escroquerie" a été enregistrée par le parquet de Marseille. L’étau semble donc se resserrer sur l’ancien dirigeant de PIP.