Une formation pour repérer les futurs djihadistes

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et Alain Acco , modifié à
ENQUÊTE E1 - Les autorités sensibilisent des fonctionnaires, en dehors de la police, aux comportements inquiétants.

La formation. Interdire à n'importe quel Français soupçonné de vouloir partir se battre ou se former en Syrie de sortir du territoire, c'est la mesure emblématique du projet de loi anti-terroriste présenté en Conseil des ministres jeudi par Bernard Cazeneuve. Mais pour les autorités, la difficulté est d'identifier ces personnes. Le ministère a donc mis en place une formation de centaines de fonctionnaires sur tout le territoire. Europe 1 y a assisté.

Des signes qui doivent alerter. Premier constat : il existe beaucoup de signes de radicalisation auxquels on ne prête pas attention, que ce soit au sein de la cellule familiale ou à l'école. Une adolescente qui coupe les ponts avec sa meilleure amie, cela arrive fréquemment. Mais si dans le même temps, elle modifie ses habitudes alimentaires, arrête la natation, arrête de se parfumer, jette à la poubelle tous ses déodorants, il faut s'inquiéter, expliquent les autorités.

Une conversion en cachette. C'est ce qui est arrivé à une mère de famille des beaux quartiers parisiens. Lorsque sa fille a jeté ses déodorants, on lui a conseillé de fouiller sa chambre. Résultat : elle a découvert un niqab caché sous le lit de l'adolescente, des photos d'elle entièrement voilée sur son compte Facebook. La jeune fille s'était convertie en cachette et préparait son départ pour la Syrie.

Radicalisation rapide. Tous les témoignages alertent également sur la rapidité de la radicalisation. Dans la plupart des cas, un ou deux mois suffisent, parfois même une semaine. Des vidéos en français, qui exaltent les sentiments de plus jeunes, sont facilement trouvables sur internet.

Dans toutes les familles. Toutes les familles, dans tous les milieux sociaux, culturels et religieux, sont concernées par ces signalement. Ne sont donc pas non plus forcément ciblés les jeunes fragiles, dans des quartiers difficiles. On cite ainsi des jeunes filles, étudiantes à Sciences Po, en médecine ou en école d'infirmières, qui partent en Syrie pour aider les populations locales.

Sensibiliser les professionnels. Cette formation a donc pour but de sensibiliser d'autres professionnels que les policiers. Ainsi des représentants des préfectures, qui doivent prendre en charge localement les cas signalés au numéro vert, étaient présents à la réunion à laquelle a pu assister Europe 1. Mais aussi des inspecteurs de l'Education nationale, des proviseurs de lycées, des éducateurs de rue, qui constatent que les jeunes ne les saluent plus ou encore des instituteurs d'écoles maternelles qui remarquent que de jeunes enfants se bouchent les oreilles et refusent d'écouter de la musique car leurs parents leur ont expliqué que "la musique, c'est le diable".

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