Un suicide reconnu comme maladie du travail

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avec Walid Berrissoul , modifié à
Le suicide d’un salarié de France Télécom a été requalifié par l’assurance-maladie. Une première.

Pour la famille de Nicolas Grenoville, c'est une bataille de deux ans qui vient de prendre fin. La nouvelle est arrivée par un courrier de l'assurance maladie : faire enfin reconnaître que c’est bien le travail qui a tué leur fils. Cet employé de France Télécom s’était pendu dans son garage le 10 août 2009, avec un câble de la société et sa veste d’ouvrier. Suffisant pour que deux ans plus tard, l’assurance maladie considère que sa mort a été causée par ses conditions de travail.

Les proches de Nicolas Grenoville avait d’abord tenté de faire qualifier son geste en accident du travail, puis en maladie professionnelle. Des différences de terme qui en fait changent tout. "La différence entre maladie professionnelle et accident du travail, c’est le caractère insidieux, permanent, durable de la maladie", selon Sébastien Crozier, délégué syndical. "Et ce qui est qualifié là démontre à l’évidence que l’organisation du travail était pathogène. Et à ce titre-là, c’est elle qui est la source du fait que la personne soit conduite au suicide."

"Délinquance industrielle"

Cette fameuse organisation du travail pourrait être à l’origine de 45 autres suicides dans l'entreprise entre 2008 et 2010. "D’une affaire à l’autre, les mêmes causes ont produit les mêmes effets", a constaté en effet Me Jean-Paul Teissonnière, avocat du syndicat SUD de France Télécom, au micro d’Europe 1. "C’est une situation de délinquance industrielle. Il faut en tirer toutes les conclusions, y compris sur le plan pénal, et j’espère que les procédures en cours permettront de parvenir à ce résultat."

Une plainte est toujours en cours d'instruction contre trois anciens dirigeants de France Télécom. Mais officiellement, aucun responsable n'a encore été désigné par la justice.