Un nouveau Madoff dans le Pas-de-Calais

Un homme a été interpellé vendredi pour escroquerie. 72 personnes auraient porté plainte contre lui.
Un homme a été interpellé vendredi pour escroquerie. 72 personnes auraient porté plainte contre lui. © MAXPPP
  • Copié
et Raphaële Schapira , modifié à
- L’homme, qui aurait escroqué 72 personnes, avait un complice chez Gan.

L’escroquerie est estimée entre 8 et 10 millions d’euros. Un courtier en assurances de Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, a été mis en examen pour "escroquerie, abus de confiance aggravé, abus de biens sociaux et exercice illégal de la profession de banquier" et placé en détention vendredi soir. Cet homme de 53 ans, qui gérait l'agence "VIP Consultant", est soupçonné d’avoir arnaqué "des tas de gens", a rapporté le parquet de Boulogne-sur-Mer. 72 plaintes auraient été recueillies contre Serge Levêque.

Des placements qui pouvaient rapporter 12% par an

Sa manière de procéder était simple : l’ex-employé de Gan avait monté sa propre entreprise en 1997. Et à partir de son ancien carnet d’adresses, l'homme aurait réussi à convaincre plusieurs dizaines de clients, principalement des notables du Boulonnais, de lui confier leurs économies.

Celui qui était décrit comme "avenant", "bavard", "extrêmement sympathique" et "sûr de lui" leur promettait des placements pouvant rapporter jusqu'à 1% par mois et 12% par an. Et ce, dans une mine d'or au Togo, par l'intermédiaire d'un contact sur place.

Comme dans les autres affaires d’escroquerie "à la Madoff", il rémunérait ses premiers clients avec de l'argent escroqué à de nouvelles victimes. Une technique qui l'obligeait sans cesse à chercher de nouvelles personnes à faire entrer dans son système.

Un complice chez Gan

Mais l’homme utilisait aussi son ancien statut chez Gan, où il a travaillé près de dix ans, pour pouvoir s’octroyer de nouveaux clients. Pire : selon les informations d’Europe 1, il avait même un complice encore au sein de l’entreprise. L’une des victimes de Serge Levêque a assuré qu’il établissait des chèques à l’ordre du groupe d’assurances.

Ces règlements étaient encaissés à l’autre bout de la France, à Draguignan ou Avignon. Et ce, vraisemblablement via son complice. Ce dernier, basé dans le Var, était un agent général chez Gan, c’est-à-dire un représentant du groupe, mais indépendant. Pascal Busselet s’est suicidé au printemps dernier lorsque le groupe d’assurances a lancé un audit sur ses activités.

Pour sa défense, Serge Levêque assure qu’il a été lui-même arnaqué, par un autre associé africain. L’avocat de celui que l’on surnomme aujourd’hui le "Madoff Boulonnais", Raphaël Tachon, affirme au micro d’Europe 1 que même s’il y a eu un abus de confiance, il y a eu chez Serge Levêque "une absence d’enrichissement personnel et le fait qu’il a cru véritablement dans les supports qu’il a vendu puisqu’il y a mis ses propres économies".

"Lui aussi est une victime " :

Reste que les clients floués pourraient demander réparation à l’assureur. Selon le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, les victimes devraient pouvoir se tourner au civil pour demander le remboursement de leurs investissements. Reste, aussi, à savoir où son passés millions d'euros escroqués. Pour l'heure, la piste de l’associé qui aurait tout raflé depuis le Togo convainc assez peu les enquêteurs.