Un camp rom démantelé à Évry

Une opération de police était en cours lundi matin à Evry, sur un terrain occupé par un campement de Roms
Une opération de police était en cours lundi matin à Evry, sur un terrain occupé par un campement de Roms © MAXPPP
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Gaétan Supertino, Sandrine Cochard et Fabien Cazeau avec AFP , modifié à
L'opération a été ordonnée sans décision de justice. Manuel Valls évoque "des conditions de sécurité déplorables."

Il s'agit de la cinquième expulsion de Roms depuis le début de l'été. Après Lille, Lyon, La Courneuve ou Marseille, la ville d'Evry, dirigée jusqu'en juin par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, a été le théâtre d'une opération de police pour déloger un camp de Roms lundi matin.

72 personnes concernées

Les lieux, situées le long des voies du RER, abritaient 72 personnes, vivant "dans des cabanes de fortune depuis quatre mois", selon l'Association de solidarité de l'Essonne avec les familles roumaines Roms (ASEFRR). Vers 07h, une dizaine de résidents des lieux, dont plusieurs enfants en bas âge, poussant des vélos, chargés de valises et de sacs, ont commencé à sortir de la zone délimitée par la police. "La police est arrivée vers 05h", a rapporté Lakatos, un Rom de 22 ans en France depuis trois ans, qui vivait dans le campement depuis trois mois. "Je ne sais pas" où aller: "peut-être en hôtel, peut-être dans une association", a-t-il poursuivi.

"Je suis arrivé après 5h, la police bloquait déjà. La Croix-Rouge est à l'intérieur mais elle n'a pour solution que des hôtels d'urgence", a dénoncé sur place Serge Guichard, de l'ASEFRR. "On leur a dit d'aller en hôtel social, mais pour trois ou quatre jours maximum", a-t-il ajouté. Selon une source policière, l'opération s'est déroulée dans le calme et deux occupants ont accepté d'être pris en charge par les autorités.

"La commune ne respecte même pas la loi, a protesté au micro d'Europe1 Elisabeth Toulec-Merten, représentante de l'association sur place.  On nous disait : il n'y aura pas d'expulsions sans jugement. Mais le jugement est demain."

Une nouvelle circulaire pour justifier

"Une circulaire a été adressée dimanche soir au préfet, qui prévoit qu’il y ait évacuation de campement lorsqu'il y a une décision de justice, ou quand il y a une situation en matière de sécurité et sanitaire qui n'est pas supportable, s'est justifié lundi sur Europe1 le ministre de l'Intérieur Manuel Valls. La situation sanitaire et de sécurité nécessitait l'évacuation. Je ne peux pas supporter, en tant que ministre de l'Intérieur, en tant que citoyen, en tant qu'homme de gauche, qu'il y ait des bidonvilles dans lesquelles des hommes vivent dans des conditions insupportables."

L'arrêté d'expulsion pris par le maire socialiste d’Évry, Francis Chouat, avait été notifié aux Roms samedi. Outre l'insalubrité, la dangerosité de ce site, qui se trouve quasiment en surplomb des voies de la ligne D du RER, m'a amené à prendre cet arrêté en accord avec la préfecture", avait-il affirmé à l'AFP.

"Le gouvernement est de gauche mais il ne tient pas ses engagements, renchérit la militante. On nous avait promis un travail en amont avec les familles et les services sociaux pour qu'il n'y ait pas de démantèlement sans solutions."