Tuerie de Toulouse: où en est l'enquête ?

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Marion Sauveur, Alain Acco et Pierre de Cossette avec l'AFP , modifié à
ENQUÊTE - La même arme a été utilisée pour les agressions de militaires et la tuerie de Toulouse.

C'est l'ennemi public numéro 1. Une traque a été lancée depuis lundi pour retrouver le tueur de Toulouse. D'importants moyens ont été déployés alors que les éléments matériels laissent à penser qu'il s'agit du même homme qui s'en est pris aux élèves et professeurs de l'établissement juif, et aux soldats parachutistes à Toulouse et Montauban la semaine dernière. En moins de huit jours, huit personnes sont décédées sous les balles d'une même arme. Europe1.fr fait le point sur l'enquête.

La même arme. Comme Europe 1 vous l'annonçait en exclusivité lundi, les enquêteurs sont formels : le même pistolet automatique de gros calibre (11,43 mm) a été utilisé le 11 mars à Toulouse, le 15 mars à Montauban et le 19 mars à Toulouse.

Il est difficile de se procurer légalement ce pistolet en acier, décrit par Benoît Ebel, membre du syndicat de police Synergie et spécialiste des armes, interrogé par Europe 1, comme "lourd et massif". C'était une arme extrêmement répandue dans le grand banditisme durant les années 60-70. Elle a été "fabriquée à plus de 3 millions d'exemplaires", précise-t-il assurant que le 11,43 a "fait ses preuves".

Par ailleurs, "il faut pouvoir se fournir en munitions. Soit le meurtrier les fabrique lui-même, soit il a trouvé une filière pour s'approvisionner, mais ce n'est pas évident", indique un policier cité par le journal Le Parisien. Selon Benoît Ebel, l'arme est "relativement précise sur une distance courte ou moyenne. Un tireur averti peut tirer à 25 ou 30 mètres sans problème".

Lundi, le tueur s'est servi d'une deuxième arme pour tuer un maximum de personnes au sein de l'établissement juif : un pistolet de type mitrailleur, de calibre 9 mm. C'est la première arme qu'il a utilisée. Mais elle s'est enrayée. Dans le cas contraire, le bilan aurait été sûrement plus lourd.

Le même mode opératoire. Lors des trois attentats, le tueur est froid et méthodique. Il surgit et s'enfuit au guidon d'un scooter de grosse cylindrée : un T-Max de Yamaha. Les enquêteurs pensent qu'il a été volé, le 6 mars dernier dans Toulouse.

Une différence toutefois : lors des attaques contre les militaires le deux-roues était de couleur noir, ainsi que le casque, alors que lundi le tueur serait arrivé sur un scooter blanc, et portait visiblement un casque de la même couleur. Le tueur reste en permanence casqué. Aucun témoin n'a pu apercevoir son visage.

Les enquêteurs estiment qu'il aurait pu maquiller le deux-roues entre l'attaque de Montauban et celle de Toulouse, en le repeignant. Quant à la plaque minéralogique, elle aurait été filmée par les caméras de l'école.

Des images vidéo exploitées. Pour tenter de retrouver le tueur, les enquêteurs exploitent plusieurs films. Des caméras de vidéosurveillance de l'école, ainsi que celles placées dans la ville de Toulouse sont analysées. Par ailleurs, des opérations de triangulation téléphonique autour des lieux des meurtres ont été engagées pour tenter de déterminer si le tueur a passé un ou plusieurs coups de fil d'un téléphone portable avant ou après son passage à l'acte dans l'établissement scolaire, révèle Le Parisien. 

Des moyens considérables déployés. Les enquêteurs sont unanimes : ils craignent que le tueur repasse à l'action dans les toutes prochaines heures.  L'homme a commis trois attentats en huit jours, faisant à chaque fois plus de victimes. Les psychiatres parlent d'une montée en puissance.

C'est pourquoi d'importants moyens ont été mobilisés. 200 enquêteurs ont été déployés sur le terrain. Les policiers de la sous-direction antiterroriste, du renseignement intérieur (DCRI), de la sécurité publique et les services de l'armée travaillent main dans la main.

Lundi soir, 25 policiers du Raid sont arrivés en renfort lundi soir à Toulouse pour compléter le dispositif hors norme mis en place en Midi-Pyrénées.

Un militaire recherché ? Les enquêteurs passent au crible les fichiers militaires. Ils tentent d'établir une liste de soldats ou d'anciens militaires aux sympathies prononcées pour les idées de la droite radicale, à tendance raciste et antisémite, qui serait capable de prendre pour cible des militaires musulmans autant que des membres de la communauté juive. La piste d'un tueur islamiste est également évoquée.

Le plan Vigipirate "écarlate" déclenché. En Midi-Pyrénées et dans quelques départements limitrophes, le plan Vigipirate maximal a été déclenché. Une première en France.

La préfecture de la Haute-Garonne a détaillé mardi les précautions prises. "Des mesures de surveillance et de protection sont mises en oeuvre pour les lieux de culte israélites et musulmans, pour les écoles et commerces liés aux confessions juives et musulmanes ainsi que pour les sites militaires, les gares SNCF, l'aéroport et le métro" de Toulouse, a indiqué la préfecture. Par ailleurs, des contrôles de la circulation et des accès aux bâtiments publics ou privés vont être mis en place sur "des lieux sensibles ou recevant du public".