Trêve hivernale : "je suis protégée"

Le sursis, de quatre mois et demi, s'étale du 1er novembre au 15 mars.
Le sursis, de quatre mois et demi, s'étale du 1er novembre au 15 mars. © MAXPPP
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et Laure Dautriche , modifié à
- La trêve débute lundi à 21h. Celle-ci empêche toute expulsion d'appartement.

Voila une pause qui va soulager des milliers de locataires. La trêve hivernale débute lundi à 21 heures. Celle-ci empêche toute expulsion d'appartement des personnes pratiquant la location.

Le sursis, de quatre mois et demi, s'étale du 1er novembre au 15 mars. Mais comme les expulsions ne peuvent pas se dérouler entre 21h00 et 06h00, c'est le 31 octobre à 21h00, qu'elle débute véritablement.

Interrogée par Europe 1, Karima, sans emploi, mère de trois enfants, raconte le soulagement que constitue cette trêve hivernale. "C'est une chance. Pour le moment de l'hiver, je suis protégée avec mes enfants. Déjà, on est au chaud, parce que, dehors, avec trois enfants, ce n'est pas une solution", confie-t-elle.

"Je suis protégée avec mes enfants" :

 

Cette mère de famille, qui a échappé de peu à une expulsion, ne parvient plus à payer son loyer de 500 euros pour 25 mètres carré.

"Ce n'est pas une vie"

"On vit, mais ce n'est pas une vie en réalité. Je suis stressée. A tout moment on attend. S'il y a un bruit dans le couloir, je dis : 'c'est bon, ils sont là, ça y est, on est dehors'. C'est la panique totale jour et nuit", témoigne-t-elle.

Mais, Karima a conscience que cette trêve hivernale n'est qu'un sursis. Alors, la maman a tout planifié. Elle commence déjà à chercher un autre endroit où vivre avec sa famille, et tente de se faire aider par les associations.

Pendant la période de trêve, les locataires sont en effet exempts de toute expulsion, même si leur propriétaire a engagé une procédure et que l'expulsion est confirmée par le tribunal. Toutefois, la trêve ne concerne pas les personnes qui habitent illégalement dans un lieu où elles sont entrées par effraction, comme dans les squats.

Flou sur le nombre de personnes concernées

Il reste difficile de chiffrer le nombre de locataires concernés, comme Karima, par cette trêve. Les ministères de la Justice et de l'Intérieur n'étaient en effet pas en mesure vendredi soir de communiquer les chiffres 2010 des contentieux locatifs.

"Je ne crois pas que cette année on aura une augmentation significative du nombre d'expulsions effectives", a déclaré le secrétaire d'Etat chargé du Logement Benoist Apparu. Selon le secrétaire d'État, le nombre de décisions de justice était en moyenne "autour de 100.000 à 110.000" et le nombre d'expulsions effectives par la force publique "autour de 10.000".

Alors que les associations de défense des locataires demandent régulièrement la fin de cette pratique, Benoist Apparu s'est dit "fondamentalement contre un moratoire".