Thyroïde : une opération sur cinq inutile

Pour Que Choisir Santé, l'ablation de la thyroïde est une opération encore trop systématique en France et fait courir des risques injustifiés aux patients.
Pour Que Choisir Santé, l'ablation de la thyroïde est une opération encore trop systématique en France et fait courir des risques injustifiés aux patients. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
C'est le constat dressé par la revue de consommateurs Que Choisir Santé.

Une ablation de la thyroïde sur cinq est inutile. C'est le constat dressé par la revue de consommateurs Que Choisir Santé, qui consacre en octobre un dossier entier à la question et juge ce type d'opération encore trop systématique en France, avec pour conséquence des risques injustifiés pour les patients opérés. Environ 40.000 thyroïdectomies sont réalisées chaque année en France. Elles concernent des femmes dans 80% des cas.

Une "pratique excessive d'ablation de la thyroïde". "Au vu des sur-traitements dénoncés en France, et des études scientifiques qui s'accumulent pour dénoncer la pratique excessive d'ablation de la thyroïde", l'UFC-Que Choisir en appelle jeudi aux pouvoirs publics "pour urgemment reformuler des recommandations à destination des médecins et améliorer l'information des patients". L'association s'appuie notamment sur "un rapport resté trop confidentiel de l'Assurance maladie", daté de juillet 2013 : selon ce document, "21% des ablations sont pratiquées pour des nodules en fait bénins".

Moins de décès mais plus de cas repérés. La mortalité liée aux cancers de la thyroïde est en baisse en France depuis 10 ans : 375 décès ont été recensés en 2012, contre 478 en 1999. Mais le nombre de cancers, lui, a été multiplié par trois depuis 1990, passant de 2.531 en 1990 à 8.211 en 2012.

Hôpital, opération

Surveiller plutôt qu'opérer. Cette recrudescence des cancers de la thyroïde est liée à la détection, nouvelle, de petits, voire d'infimes nodules (moins de 1 cm, voire 2 mm). Or, "ces petits nodules, même cancéreux, bien souvent n'évoluent pas et ne devraient pas être retirés mais faire l'objet d'une surveillance", poursuit Que Choisir. Une attitude recommandée en août dernier par des experts américains dans le British Medical Journal pour traiter ces micro-cancers de type papillaire, soit environ 80% des cas.

Et surtout réaliser un meilleur diagnostic. Pour remédier à cette situation, Que Choisir recommande également d'améliorer les examens préalables à une opération. En effet, une personne opérée sur cinq n'a pas eu d'échographie et 7 sur 10 n'ont pas eu de cytoponction, c'est-à-dire un prélèvement de cellules pour analyse. Or la combinaison de ces deux examens permettent d'estimer la nature du nodule qui "dans 65 % des cas, s'avère bénin". Et ne justifie pas une opération.