Takieddine charge Chirac et Villepin

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et Pierre Rancé , modifié à
- L'intermédiaire évoque un réseau de corruption qui aurait sévi après 1995.

Ziad Takieddine n'a plus rien à perdre. L'homme d'affaires franco-libanais, mis en examen dans le volet financier de l'affaire, a été entendu, une nouvelle fois, mercredi, par le juge Renaud Van Ruymbeke. Et comme le révélait Europe 1 mercredi matin, l'intermédiaire a décidé de faire de nouvelles révélations au magistrat en dévoilant un réseau de corruption qui aurait sévi en France après la campagne présidentielle de 1995. "Ces éléments ont été confortés par une lettre que j'ai remise au juge ce matin", a confié Ziad Takieddine, mercredi soir, sur Europe 1, après son audition.

"Je mets en cause un système de corruption étendu" :

 

Selon Ziad Takieddine, les commissions liées à la vente de frégate à l'Arabie Saoudite, n'ont pas été arrêtées en 1996 par Jacques Chirac et Dominique de Villepin, comme ils l'ont toujours prétendu. Le versement de commissions, légal à l'époque, serait toutefois passé par une structure, installée en Suisse et une banque française, le Crédit agricole. Les chiffres communiqués par Ziad Takieddine donnent le vertige : près de 1.4 milliard de francs (220 millions d'euros) auraient ainsi été versés en plusieurs fois.

"Le juge a des éléments pour savoir qui a touché quoi"

"Aujourd'hui, le juge a des éléments assez pertinents pour savoir qui a touché quoi, comment et pourquoi" a confié l'homme d'affaires franco-libanais. Les commissions liées à la vente de frégate à l'Arabie Saoudite, n'ont pas été arrêtées en 1996 par Jacques Chirac et Dominique de Villepin, mais "ont été détournées sur leur ordre vers d'autres destinataires à leur convenance", assure Ziad Takieddine. L'homme d'affaires est formel. "Il n'y a pas eu d'arrêt des commissions, les contrats n'ont pas été arrêtés mais substitués et tous les montants ont été encaissés par la France". "Au juge Renaud Van Ruymbeke, j'ai donné tous les détails d'un système", a confié Ziad Takieddine.

Ziad Takieddine assure même que ce système de corruption généralisé "qui a existé dans le passé, qui existe aujourd'hui, existera toujours quand il ne sera pas arrêté".

Une enquête sur les déclarations de Takieddine ?

Les juges Renaud van Ruymbeke et Roger Le Loire cherchent à savoir si des commissions, versées en marge de contrats d'armement conclus en 1994 avec le Pakistan (sous-marins Agosta) et l'Arabie saoudite (frégates Sawari II), ont donné lieu à des rétrocommissions qui auraient financé illégalement la campagne présidentielle de l'ex-Premier ministre Edouard Balladur en 1995. Les magistrats tentent également de savoir si l’arrêt du paiement des commissions à des intermédiaires - qui aurait été décidé par Jacques Chirac en 1996 - est responsable de cet attentat de Karachi perpétré le 8 mai 2002.

Si les juges accordent du crédit aux révélations de Ziad Takieddine, ils devront obtenir un "supplétif" du Procureur de Paris, pour élargir le champ de leur enquête. Selon Ziad Takieddine, le juge Van Ruymbeke lui a confirmé mercredi, lors de son audition, qu'il ferait une demande en ce sens.